13 Juillet 2009
[interview] «Il ne nous reste que la résistance et l’espoir que le ras-le-bol devienne
général»
Propos recueillis par Marjorie Marcillac, Têtu, 13 juillet
2009
TÊTUE: Dans votre livre, on ressent fortement qu'Internet fut un bol d'air pour la population iranienne, notamment pour les homosexuels et transsexuels. Pensez-vous que les nouveaux moyens
de communication accélèrent l'évolution vers la liberté ?
Vida: Internet joue un rôle fondamental dans le combat des Iraniens pour la démocratie, comme vous avez pu le voir pendant les manifestations contre la pseudo-réélection
d'Ahmadinejad. Mais attention : Internet (et les téléphones portables) sont une arme à double tranchant, puisque le régime peut aisément s'infiltrer dans le réseau, pour contrôler,
censurer et identifier les opposants. C'est d'ailleurs ce qui arrive régulièrement en Iran : beaucoup de gens ont été repérés par les services secrets sur le Net et arrêtés. Il nous
faut sans cesse inventer de nouveaux moyens de lutte et de mobilisation. À l'époque de la Révolution islamique, en 1979, diffuser une cassette avec la voix de l'imam Khomeini suffisait à
embraser les foules. C'est grâce à ces foules que le régime impérial a été renversé. Aujourd'hui, mis à part Internet, il ne nous reste que la résistance et l'espoir que le ras-le-bol
devienne général.
Quand le président Mahmoud Ahmadinejad a déclaré en septembre 2004 devant les étudiants de l'université de Columbia à New York, qu'il n'y avait pas d'homosexuels en Iran,
quelle a été votre réaction ?
Nous nous sommes dit que ce mec n'avait vraiment pas le sens du ridicule ! Il y autant d'homos en Iran que dans les autres pays. C'est la
peur de la répression et une certaine pudeur qui les rend quasiment invisibles. Ce que le président voulait faire croire, c'est que les jeunes hommes condamnés à mort et exécutés ces
dernières années n'étaient pas des homosexuels, mais des pédophiles, et qu'ils méritaient donc la pendaison. C'est une idée courante en Iran et souvent un prétexte pour persécuter les gays.
La transsexualité n'est pas passible de la peine capitale en Iran. Ce fait pousse-t-il beaucoup de lesbiennes à se faire opérer pour pouvoir aimer librement ?
Il y a sûrement moins de lesbiennes que de gays qui décident de s'opérer, quoique d'un certain point de vue, c'est plus avantageux de devenir homme plutôt que femme en Iran, vu les
discriminations et les restrictions légales que subit le genre féminin ! Mais l'opération pour les femmes est plus délicate et plus onéreuse, comme partout dans le monde. C'est vrai
que la transsexualité est légale en Iran, mais c'est souvent une pratique coercitive pour les homosexuels, qui subissent toutes sortes de pressions pour suivre un traitement hormonal et se
faire opérer.
Comment expliquez-vous que la transsexualité soit tolérée contrairement à l'homosexualité ?
La sexualité en soi n'est pas réprimée en Iran, au contraire elle est impérative, mais uniquement à l'intérieur du mariage entre un homme et une femme (ou plusieurs femmes, puisque la
polygamie est légale). Voilà pourquoi l'homosexualité est un des tabous les plus ancrés dans la société, alors que la transsexualité est tolérée. Les trans sont moins marginalisés (ées) si,
ils ou elles se marient.
Existe-t-il une solidarité homo-trans-hétéro en Iran ?
Il existe parfois une solidarité entre homos et trans. Avec les hétéros, c'est une autre histoire. La
méfiance à l'égard des minorités sexuelles est très forte.
Des projets en cours ?
Nous aimerions réaliser un film basé sur « Le jardin de Shahrzad », mais il faudrait le tourner entièrement à l'étranger, ce qui serait un peu ridicule, et en plus ce
serait dangereux pour les actrices. Pour le moment, nous attendons la suite des événements en Iran...
lien de l'article : http://www.tetu.com/actualites/culture/il-ne-nous-reste-que-la-resistance-et-lespoir-que-le-ras-le-bol-devienne-general-15023
[T.V.] Transsexuel en Iran : un documentaire choc et ambiguë sur
France 5
Du mardi 19 mai 2009 au dimanche 7 juin 2009, France 5 a présenté un documentaire consacré
aux transsexuels Iraniens. Dans cette société qui condamne à mort les homosexuels, la seule alternative qui se présente à de nombreuses personnes et le changement de sexe et donc
d’identité…
En Iran, les homosexuels risquent la peine de mort. Seule solution pour échapper aux représailles :
changer de sexe. Un pas que bon nombre d'hommes sont prêts à franchir pour pouvoir vivre en paix. La réalisatrice du documentaire Transsexuel en
Iran, qui sera diffusé sur France 5 le 19 mai prochain à 20h35, est allée à leur rencontre.
Alors que la république islamique interdit l'homosexualité, les personnes transsexuelles sont traitées avec bienveillance par les
autorités depuis que l'imam Khomeyni a promulgué une fatwa en leur faveur.
C’est donc pour vivre en paix qu’Anoosh, Ali, Farhad et tant d’autres se font opérer, même s’ils savent qu’après ils vont
se faire rejeter par leur famille.
Un an plus tard, la réalisatrice est retournée à leur rencontre pour savoir où ils en sont…
Ce film intime et sans concessions ne vous laissera pas de marbre.
(source : France 5 transmis par News Télé7, 13 Mai 2009)
VU HIER SOIR
Mieux vaut être
transsexuel que gay en Iran
par C. M. | Le Parisien,
20.05.2009
| Mots Clefs | Resistance : Lobby Cinématographique des
mollahs |
| Mots Clefs | Resistance : Lobby pro-mollahs en France et ailleurs
|
| Mots Clefs | Violence : Répression des homos
|
| Etre Jeune en Iran ou violence contre les mineurs |
| Recherche Par Mots Clefs | Fléaux : Pendaisons |
| Mots Clefs | Pays : Allemagne |
[1] Tanaz Eshaghian est une iranienne d’origine juive. Elle a réalisé un autre documentaire ambigu : “I Call Myself Persian” qui dénonce la xénophobie des Américains à l’égard des Iraniens après le 11 septembre ! Il y a malheureusement des juifs iraniens qui travaillent avec les mollahs sans dénoncer leurs crimes ou leurs propos.
Nous le signalons en aparté car d’une manière générale, les juifs iraniens sont très patriotes et très attachés à l’Iran et ne peuvent être tenus
responsables pour les actes d’individus sans scrupules comme Tanaz Eshaghian, Morris Etemad,
Bijan
Khalili ou Shaul Bakash.
lien de cet article : http://www.iran-resist.org/article5382.html