Revues de presse et de blogs par une journaliste transgenre qui traite de la TRANSIDENTITE (appelée improprement "transsexualité").Le blog "Différences" est devenu aujourd'hui une REFERENCE FRANCOPHONE sur la TRANSIDENTITE
10 Juillet 2009
Portrait de Delphine qui avait demandé au tribunal de grande instance de Nancy d'étudier sa demande de changement
d'identité et de David, Co-fondateur de l'association Chrysalide, qui défend la transidentité.
Parce que pour l'armée de l'air, Delphine est redevenue Thierry... Transgenre, le sous-officier Thierry Ravisé-Giard devient Delphine en 2007. Un changement de
sexe qui ne semble alors pas gêner l'armée. En août dernier, la jeune femme passe devant le Tribunal de grande instance de Nancy : elle demande à ce que son changement de sexe et de prénom soit
modifié sur son acte de naissance. Elle est débouté, l’armée en est informée et revient sur sa décision. Pour preuve, sa dernière fiche de paye est adressée à... Thierry. Delphine se dit «
humiliée » mais ne compte pas en rester là : juridiquement, elle tentera tout pour se faire reconnaître femme. [source : Elle, 13-11-2009]
Portrait de Delphine (avant la décision du tribunal)
par Ju. B., Le Republicain lorrain, (dossier du lundi) 22 juin 2009
« Je suis obligée, chaque jour, d’expliquer mon cas. A l’aéroport, une hôtesse a vu mon passeport avec mon identité masculine et m’a dit : c’est le vôtre que je veux, pas celui de votre mari. » Stéphanie Nicot garde le sourire. Mais la porte-parole de l’association Trans Aide a décidé de dénoncer ce qu’elle, et ses adhérentes, assimilent à une stérilisation : l’exigence de la justice de certificats médicaux attestant l’irréversibilité du changement de sexe afin d’obtenir des papiers en accord avec leur genre. Cela sous-entend une opération.
Les membres de Trans Aide veulent que cela change. Ils ont commencé à déposer des demandes de changement de sexe à l’état-civil. Mais, ils ne nous fournissent aucun des éléments
attendus par la jurisprudence de la cour de cassation. Celle-ci avait rendu un arrêt en 1992, à la suite d’une condamnation de la France par la Cour européenne des droits de l’homme
pour un refus de changement d’état civil.
Le tribunal de grande instance de Nancy a déjà refusé un premier changement en l’absence de tout justificatif. Le 5 juin, Delphine Ravisé-Giard a défendu son cas dans les mêmes conditions. Le
parquet a donc demandé que sa demande soit rejetée. La décision est attendue en août. Cette grande femme, militaire dans l’armée de l’air, justifie sa démarche avec passion : « Je suis
transgenre, j’assume le genre dans lequel je me sens le mieux, et c’est le genre féminin ».
« Je ne me sens pas malade »
Genre et sexe sont deux notions différentes pour elle. « Je suis de sexe masculin, je le serai jusqu’à ma mort, c’est inscrit dans mes gènes, ajoute-t-elle. Je suis un mâle
de genre féminin ». « Notre changement de genre est un choix de vie, pas la conséquence d’un problème psychiatrique », souligne Stéphanie Nicot. Les transgenres
ne veulent pas être vus comme des personnes souffrant de ce que la jurisprudence appelle «un syndrome transsexuel », où l’opération est subie dans « un but
thérapeutique ».
« Je ne me sens pas malade, je ne vais pas faire de fausses déclarations », s’irrite Delphine Ravisé-Giard. Elle a longtemps tenu en homme, «par instinct de survie
». Avec Trans Aide, elle a décidé de vivre son genre en liberté. Elle suit un traitement hormonal, se féminise, change les factures qui peuvent l’être. Déclarée apte dans l’armée,
elle revient et obtient un matricule féminin. « Ils ont été intelligents », se réjouit l’adjudante.
Révoltée par le vide juridique, la militaire constate que le fond du problème est la « notion de famille et d’homoparentalité ». « Nous accorder des papiers sans
stérilisation est une reconnaissance de l’homoparentalité de fait », observe Delphine Ravisé-Giard. Mais, elle pense la société prête au changement et ne veut plus voir les «
copines » souffrir d’une non-reconnaissance. « Il y a une violence d’Etat exercée sur ces filles », observe-t-elle.
Pour l’instant, la situation semble bloquée. Mais le développement des actions des transgenres et l’apparition d’imbroglio juridiques - une trans avec des papiers masculins
se mariant en toute légalité avec sa compagne - risquent bien de mener à une nécessaire réflexion.
http://www.republicain-lorrain.fr/fr/article/1717800,75/Une-femme-dans-un-corps-d-homme.html
Une militaire transsexuelle déboutée
source : lefigaro.fr, 11/10/2010
La cour d'appel de Nancy a rendu son délibéré concernant la demande de Delphine Ravisé-Giard, une militaire transgenre de 40 ans qui avant, s’appelait Thierry.
Celle qui a aujourd’hui tout d’une femme n’a pas obtenu gain de cause, confie son avocat, Me Laurent Cyferman, au Figaro.fr. Comme en première instance, la cour d’appel lui a refusé son
changement d’état civil au motif qu’elle «ne justifie pas du caractère irréversible de sa transformation physique homme-femme et notamment sexuelle».
En première instance, la cour était arrivée à la même conclusion, mais elle imposait à la requérante de se faire opérer pour obtenir une nouvelle identité. Un simple traitement hormonal, tel
que celui que Delphine Ravisé-Giard a suivi, ne suffit pas. «Le délibéré de la cour d’appel n’impose plus d’opération, donc ça évolue dans le bon sens» réagit Me Cyferman. Aujourd'hui, la
cour d'appel lui demande de fournir "un certificat médical établissant son changement de sexe irréversible".
La jurisprudence française repose sur deux arrêts de la Cour de cassation de 1992 qui réclament la preuve d'une opération chirurgicale irréversible pour obtenir un changement d'état civil.
Mais en juillet 2009, le commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe, Thomas Hammarberg, avait estimé que "les personnes qui souhaitent faire reconnaître leur identité de genre
ne devraient pas être obligatoirement soumises à une stérilisation ni à aucun autre traitement médical".
Selon Me Cyferman, un arrêt définitif pourrait n'arriver qu'au printemps prochain.
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/10/11/97001-20101011FILWWW00524-une-militaire-transsexuelle-deboutee.php
revue de presse (historique)
> Delphine a
été déboutée de sa requête de changement de nom devant la chambre des affaires familiales du tribunal de grande instance de Nancy > LIRE
(11/08/2009)
> Pour l'Armée,
Delphine doit redevenir... Thierry LIRE / ECOUTER > RTL Infos (avec un
audio), 12 nov. 2009
par Loan Nguyen, LyonCapitale.fr, 22/06/2009
"Je suis un homme avec un vagin", déclare David, malicieux. Et l'interlocuteur, troublé, n'aura qu'à s'y faire.
Anarchiste et bouddhiste, amateur de death metal comme d'opéra, ce jeune homme de 31 ans n'est pas à un paradoxe près, et le revendique. David est né avec un sexe féminin sans jamais se
sentir "fille". Il n'est pas à proprement parler transsexuel, puisqu'il n'a pas subi d'opération de changement de sexe et se définit comme "transgenre". C'est-à-dire qu'il se sent
"homme" en dépit de son sexe biologique. Depuis quelques années, David suit un traitement hormonal pour masculiniser son apparence. "Dès l'enfance, j'ai su que j'étais un petit garçon, se
souvient-il. J'avais aussi conscience que je ne rentrais pas dans les clous: les garçons ne me laissaient pas jouer avec eux, et même en me forçant, je n'arrivais pas à m'entendre avec les
filles." Elevé par des parents "racistes, homophobes, anti-communistes et très catholiques", David ne s'attarde pas sur ses relations - "pas bonnes" - avec ses parents.
Il résume son éducation dans une école privée catholique à "un long tunnel". "Je me faisais détester de tout le monde, et je leur rendais bien." Du coup, il lit beaucoup:
Maupassant puis Nietzsche et Schopenhauer. Même dans les matières scientifiques qu'il déteste, David est premier de la classe. A 18 ans, il fait son coming-out, à l'époque en tant que
lesbienne. Il commence à militer dans des associations gays et lesbiennes, sans vraiment se sentir à sa place. Il fricote avec l'extrême-gauche aussi, mais les trouve "trop politiquement
corrects". A son retour d'un séjour universitaire aux Etats-Unis où il fréquente les milieux trans, il décide de fonder l'association Chrysalide avec sa compagne
Sophie. "Il n'y avait aucune structure d'information et de rencontres pour les trans à Lyon. Alors on a décidé de la créer", explique-t-il.
Avec le second degré comme seconde nature, le jeune homme préfère parler des difficultés avec humour. Il raconte comment chaque démarche insignifiante pour une personne lambda se transforme
en parcours du combattant pour un trans. Comme il n'est pas opéré, ses papiers d'identité font encore figurer son sexe biologique, et il doit se confondre en explications sans fin,
par exemple pour retirer un colis au guichet de Poste. Pour autant, il ne se résigne pas. A l'occasion de la 14ème Marche des Fiertés lesbiennes, gays, bi et trans, David s'est battu
à travers Chrysalide pour mettre en lumière la communauté transgenre et les discriminations auxquelles elle fait face, que ce soit de la part des médecins ou de
l'administration (voir l'article: "Les trans font encore mauvais genre").
"Notre situation est maintenue sous une chape de secret, explique-t-il. Si le grand public était informé de ce qu'on doit endurer, il se rendrait compte que c'est aberrant".
Aujourd'hui, cette figure de proue locale du combat transgenre n'hésite plus à se montrer dans les médias, quitte à s'exposer à des réactions transphobes: "Quand j'étais plus jeune,
j'aurais aimé avoir un modèle. Je montre ma gueule pour que les gamins de 14 ans puissent voir que c'est possible d'être trans à 30 ans sans être devenu une pute ou s'être fait
assassiner". Tout juste reçu au CAPES, le futur enseignant appréhende les réactions d'incompréhension et de rejet qu'il devra affronter dans son établissement scolaire puisqu'il devra y
travailler sous son identité féminine.
lien de l'article : http://www.lyoncapitale.fr/index.php?menu=01&article=8155