Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Différences (le blog de caphi consacré à la TRANSIDENTITE et l'INTERSEXUATION)

Revues de presse et de blogs par une journaliste transgenre qui traite de la TRANSIDENTITE (appelée improprement "transsexualité").Le blog "Différences" est devenu aujourd'hui une REFERENCE FRANCOPHONE sur la TRANSIDENTITE

Transsexualisme précoce : Entre invisibilité et tabou

Transsexualisme précoce: Entre invisibilité et tabou: Transsexualisme transsexualité trans adolescents hormones Peggy Cohen-Kettenis protocole transition identité sexuelle transgenre enfants Pays-Bas Allemagne Suisse
Dix ans après «Ma vie en rose», le film d’Alain Berliner qui racontait l’histoire d’un petit garçon qui se voulait fille, semant le désarroi dans sa famille, la question du transsexualisme chez les jeunes enfants reste tabou. Pourtant, aux Pays-Bas et bientôt en Allemagne, des équipes se mettent en place pour assurer la prise en charge des pré-adolescents dans leur démarche de transition sexuelle. Et en Suisse ?
par Guillaume Mandicourt, 360° magazine (Suisse), juin 2007


Agé de seulement 12 ans, le jeune Johannes a réussi à convaincre un comité d’éthique qu’il était Johanna, devenant ainsi la plus jeune Allemande autorisée à suivre un traitement de changement de sexe. Ce cas a fait jurisprudence et deux ans plus tard, la jeune Kim, 12 ans elle aussi, suivait le même parcours. L’idée d’entamer le processus de transition de manière précoce – avant le développement des caractères sexuels secondaires lors de la puberté – fait ainsi son chemin. Aux Pays-Bas, pays d’avant-garde en Europe, le Dr Peggy Cohen-Kettenis a mis en place depuis plusieurs années un ambitieux programme. Les enfants présentant des troubles de genre profonds reçoivent un traitement pour bloquer la puberté jusqu’à leurs 16 ans, avant de commencer la prise d’hormones masculinisantes ou féminisantes jusqu’à l’âge de 18 ans – âge minimum légal pour une opération de réassignation sexuelle.
Sur le papier, la démarche est séduisante. L’enfant est pris en charge psychologiquement dès les premiers troubles, souvent sur la demande de parents éclairés, ou chanceux. La famille et l’entourage, et notamment l’école, sont associés au processus, assistés d’une équipe multidisciplinaire complète. Le traitement antihormonal prévient les changements physiques tant redoutés et l’enfant peut vivre pleinement sa vie d’adolescent/e. Contrairement aux cas allemands, le processus est réversible, du moins jusqu’à l’âge de 16 ans, permettant à l’adolescent de conforter, ou non, son choix en faisant l’expérience de sa vie dans l’autre sexe. Le traitement et le suivi sont entièrement pris en charge par la sécurité sociale néerlandaise.

«Pas de réelle demande»
Devant une telle ouverture, la société Suisse, paraît bien frileuse. Les professionnels de santé restent très prudents et mettent en exergue les dangers d’un dépistage aussi précoce. Toutes les petites filles qui aiment le foot, tous les petits garçons qui jouent à la poupée ne connaissent pas de troubles de l’identité, et parmi ceux qui présentent ces troubles –une minorité en fait– tous ne développent pas un syndrome de Benjamin. Certaines personnes transsexuelles se révèlent d’ailleurs tardivement, au bout d’un long cheminement de vie, pas nécessairement pavé de souffrances.

«En fait, la moyenne d’âge de transition sexuelle se situe plutôt vers 30 ou 40 ans» estime le Dr Juliette Buffat, psychiatre et spécialiste des questions de genre, qui travaille en étroite collaboration avec une endocrinologue et un chirurgien du CHUV formé à la réassignation sexuelle par le célèbre Dr Daverio. «Nous effectuons un suivi collégial, sur deux ans minimum, en accord avec les standards internationaux, et nous mettons un point d’honneur à impliquer le plus possible l’entourage. C’est pour nous la clé d’une transition réussie. Dans les faits, rien ne s’oppose donc à une prise en charge plus précoce, sur le modèle néerlandais, et nous restons ouverts à cette éventualité, mais il n’y a tout simplement pas de réelle demande. En 10 ans, je n’ai été confrontée qu’à 3 ou 4 cas de mineurs, qui n’ont pas évolué vers une réassignation sexuelle.»

Certes les exemples étrangers demeurent des cas exceptionnels, mais tout indique qu’ils sont en constante augmentation. La Suisse serait-elle miraculeusement épargnée? Et Mme Buffat d’ajouter que, si elle est régulièrement sollicitée pour former les psychologues scolaires aux questions de genre, il n’y a jamais aucun retour de leur part concernant des cas précis. Peut-on pour autant en conclure qu’il n’y a aucun enfant suisse concerné par le transsexualisme? Cela semble difficile à croire.

Eviter les souffrances
Pour Erika Tirion, animatrice du groupe Trans d’Espace 360, la nécessité d’une prise en charge précoce des adolescents suisses ne fait aucun doute: «A cinq ans, la plupart d’entre nous savaient qu’elles étaient une fille prisonnière d’un corps de garçon. Si nous avions pu bénéficier d’un tel traitement, que de souffrances nous aurions pu éviter!» De fait, trop de transsexuel(le)s vivent l’adolescence et ses changements comme un drame, sans savoir auprès de qui trouver de l’aide. La réussite de leur changement de sexe est alors soumise à leur bonne fortune – au sens propre comme au figuré. Car c’est de plus en plus souvent par le recours au secteur privé – qui plus est à l’étranger, moyennant de coûteux séjours médicaux – que passent les réponses à cette question de santé publique, faute de voir la familles, les institutions ou la société aborder la prise en charge précoce des personnes présentant des troubles de genre.
Référence trans
Née de la collaboration entre plusieurs associations concernées par le transsexualisme et transgendérisme, dont Espace 360 et Aspasie, la nouvelle brochure de vulgarisation «Parlons trans» sera présentée à Genève le 9 juin prochain lors de la prochaine soirée 360° Fever. Elle passe en revue les différents aspects de l’expérience transgenre, redéfinit la notion d’identité sexuelle, précise les étapes de la réassignation du sexe ou donne des conseils pour bien choisir son thérapeute, parmi bien d’autres questions illustrées de nombreux témoignages. Un outil indispensable à ceux – médecins généralistes, psychologues scolaires, parents – qui sont confrontés aux questions de genre, comme à toute personne en quête d’identité sexuelle. G.M.

Parlons Trans, à la frontière des genres, édité par les associations Espace 360 et Aspasie, Genève, peut être commandé auprès de ces associations

Pour en savoir plus

Transgender Children-Out Of The Shadows par Neogal (Durée : 8 minutes 28)
In it's original release, this film by Jenn Burleton was viewed more than 300,000 times and translated into several languages. This Director's Cut version includes additional material more in line ...

 
> LIRE le long témoignage > "MAMAN, J'AI BESOIN D'ETRE UNE FILLE" par Just Evelyn (Traduit de l'anglais par Marie-Noëlle, Webpage composition by Lynn Conway)
 
Les jeunes transgenres
Être une fille dans un corps de garçon ou un garçon dans un corps de fille
 
Les transsexuels prennent conscience de leur différence avant même de connaître le mot qui les définit, dès la tendre enfance.
Téléquébec - émission du 21 janvier 2010

Voir le segment


La transsexualité est un phénomène méconnu, tant par le grand public que les professionnels de la santé. Dans ce reportage, spécialistes et témoins en parlent ouvertement, dont Loïc, 17 ans, anciennement Carol-Anne.

«Depuis qu’on m’appelle Loïc, je me sens plus moi-même, raconte le jeune homme de 17 ans. Certains vont encore m’appeler Carol-Anne; ma mère, parfois. Elle m’a quand même appelé Carol-Anne pendant 15-16 ans… C’est sûr que ça m’écoeure, que ça me blesse, mais on fait avec les moyens du bord comme on dit.»

 

Enfant, Carol-Anne était un vrai «garçon manqué». Elle jouait avec les garçons, pratiquait le hockey, le football, le soccer. Elle refusait systématiquement de porter jupes et robes. Malgré son nom, malgré son corps, Carol-Anne ne s’est jamais sentie comme une fille. «Quand j’ai su c’était quoi ‘transsexualité, transgenre’, j’ai compris ce que j’étais. Je suis une fille physiquement, mais un gars, mentalement. Maintenant, je me fais traiter en gars par mes amis, mon patron, ma famille, depuis 2-3 ans.»

Le Dr Shuvo Ghosh, de l’Hôpital de Montréal pour enfants est le seul pédiatre spécialisé dans les troubles de l’identité de genre au Québec. Chaque année, il reçoit une trentaine de jeunes en consultation. «Au niveau cérébral, l’identité sexuelle est généralement acquise vers l’âge de 5 ou 6 ans, explique-t-il. Ces enfants savent qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond; que ce n’est pas ‘le bon corps’ ou qu’ils se perçoivent différemment.»

À 5 ans, il est toutefois trop tôt pour poser un diagnostic définitif. L’enfant sera suivi sur une période de deux ou trois ans. Si le trouble se manifeste plus tard, chez les enfants qui approchent de l’adolescence, le diagnostic est plus rapide.
«Il peut y avoir une espèce de pensée magique que le corps va soudainement, à l’adolescence, se développer dans le ‘bon sens’», précise Françoise Susset, psychologue. Le «bon sens» étant ce que l’enfant «ressent» comme étant son identité sexuelle. Mais la nature en décide autrement… «Quand le corps ne se développe pas du tout dans le ‘bon sens’, poursuit la spécialiste, le niveau de détresse peut être très élevé.

Chez ces jeunes-là, les idéations suicidaires et les gestes suicidaires sont très fréquents

Les jeunes transsexuels développent souvent des troubles de santé mentale : comportement agressif, automutilation – ce corps qu’on n’accepte pas! – anxiété et dépression… La question de l’identité sexuelle occupe tout l’espace mental et émotionnel, devient obsession, affectant le fonctionnement global de la personne. Problèmes à l’école, avec les amis, avec les parents. Estime de soi en chute libre. D’où la nécessité, parfois l’urgence, d’intervenir. Mais comment ?

Pour que s’unissent corps et esprit...

La transsexualité n’est pas une «maladie». De plus en plus, comme l’homosexualité, elle est perçue comme une «différence». On ne fera pas d’un garçon quelqu’un qui ne se sent pas comme un garçon. Et idem pour la fille qui n’en est pas une. La transsexualité n’a donc pas à être «guérie», mais nécessite bien souvent des traitements hormonaux et, éventuellement, des chirurgies, pour que s’unissent enfin le corps et l’esprit.

On ne connaît pas les causes de la transsexualité, mais on pense qu’elle se développe pendant le développement du fœtus. Au tout début de la vie, nous ne sommes ni homme ni femme. La différentiation sexuelle s’effectue un peu plus tard, mais peut-être pas correctement – complètement ? – chez certains d’entre nous.


Des traitements peuvent venir en aide aux transsexuels, et même dès l’enfance. Des bloqueurs d’hormones peuvent retarder la puberté. Avec des bienfaits incalculables selon certains, dont «Sylvie», nom fictif, mère d’un garçon devenu fille.

«Dans le cas de ma fille, ça a été comme un ange tombé du ciel !, s’exclame-t-elle. Les bloqueurs ont arrêté tous les phénomènes corporaux qui commençaient à se développer sur elle : la voix qui mue, les pousses de poils, toutes ces choses-là… Ça a enlevé un poids incroyable.» En payant le prix d’un deuil ? La perte du «petit garçon» qu’on a élevé et qui ne deviendra jamais un homme ? «Non, tranche Sylvie. Moi, j’avais un enfant qui n’était pas toujours heureux; j’ai gagné une fille qui est magnifique et splendide. Que j’ai un garçon ou une fille, ce que je veux, c’est un enfant en santé et heureux.»

 

Loïc Lapointe a lui aussi entrepris le long cheminement de la transformation complète. «Je suis tanné du corps que je suis», dit-il. À 17 ans, il est prêt, physiquement et mentalement, pour la prise d’hormones mâles qui lui donneront les caractéristiques physiques qui lui manquent tant… et en supprimera d’autres, dont les menstruations. À 18 ans, Loïc aura accès à la «grande opération».
«Je pense que Loïc est vraiment prêt pour considérer les étapes de la transition, confirme le Dr Ghosh. Il a lu assez concernant le sujet, mais il reste des choses à faire. Il reste des choses à discuter avec moi et avec les autres professionnels de la santé mentale. Et puis des tests du sang pour savoir ce qui se passe avec les hormones et la santé générale.»
Loïc est entre bonnes mains. L’équipe du docteur Ghosh sera là pour le soutenir dans sa démarche et lui donner ainsi la force d’affronter les préjugés tenaces.

Les choses évoluent tranquillement, d’après le pédiatre. La communauté médicale commence à faire preuve d’une certaine ouverture bien que, socialement, la transsexualité demeure tabou.

«Pourtant, ce sont des gens qui ont besoin d’aide, de soutien, plaide le Dr Ghosh. Ce sont des enfants qui souffrent en silence, pendant longtemps, et qui deviennent des adolescents et des adultes avec de nombreux problèmes de santé mentale et physique. Alors comment nous, pédiatres, pourrions-nous seulement ignorer leur existence ?»

 

Détresse et préjugés

Les jeunes transgenres sont victimes de beaucoup de préjugés, tout particulièrement à l’école.

Une étude américaine effectuée auprès de 300 jeunes transgenres, âgés de 13 à 20 ans, a révélé que la grande majorité d’entre eux ne se sentent pas en sécurité à l’école. La moitié des jeunes interrogés affirment avoir subi une forme ou l’autre de violence physique; un quart ont même été victimes d’une agression.

Au Québec, une recherche sur l’homophobie menée auprès de 5000 jeunes du secondaire et du cégep confirme l’existence d’une grande détresse psychologique chez les jeunes transgenres, de même que chez les jeunes gais et lesbiennes.

De manière générale, les intervenants en milieu scolaire et les professionnels de la santé sont mal outillés pour faire face à ce genre de situation. Les jeunes se tournent vers leurs pairs, y trouvent peu d’écoute; certains obtiennent du soutien de la part d’un professeur ou d’une autre «personne significative». Mais, plus souvent qu’autrement, ils se retrouvent seuls avec leur problème. Certains iront jusqu’à se procurer des hormones sur le marché noir…
Rappelons que le seul programme pour les jeunes transgenres est offert à l’Hôpital Montréal pour enfants.

Recherche en cours menée par Line Chamberland, sociologie, UQAM.

Ressources

http://www.masexualite.ca

http://www.alterheros.com

Association de parents d’enfants transgenres
http://www.transparentcanada.ca

Association des transsexuels du Québec
http://www.atq1980.org
Ligne d’écoute et de référence : 514-254-9038

Guide à l’intention des parents d’enfants transgenres
http://www.ctys.org/about_CTYS/FamiliesInTransition.htm

Le Néo (Association de jeunes allosexuels de Lanaudière oeuvrant auprès des jeunes gais, lesbiennes, bisexuels et transsexuels de Lanaudière) : Guide de démystification de l’identité sexuelle.
83 rue Saint-Louis
Terrebonne Québec Canada
J6W 1h2

Téléphone : 450.964.1860 /1.800.964.1860
Courriel :
neo@le-neo.com

Site Internet : http://www.le-neo.com

lien de l'article : http://pilule.telequebec.tv/occurrence.aspx?id=647

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article