Revues de presse et de blogs par une journaliste transgenre qui traite de la TRANSIDENTITE (appelée improprement "transsexualité").Le blog "Différences" est devenu aujourd'hui une REFERENCE FRANCOPHONE sur la TRANSIDENTITE
14 Septembre 2008
Par Claire Chartier, L'Express, le 14/09/2008
Quand on vous dit que les voies de Dieu sont impénétrables... Elle est là, tresse dans le dos et ballerines sages, abîmée dans la lecture du Magnificat. A
peine un peu plus "typée", avec ses pommettes saillantes et sa bouche charnue, que les autres invités à la messe de Benoît XVI sur l'esplanade des Invalides.
Elle, c'est Monica. Benito pour l'état civil argentin. Une "transgenre", comme on dit chez Act up. Buste en silicone et pénis entre les jambes sous la jupette blanche. Pour cette habituée des défilés de la gay pride, la grand-messe de ce matin doit sembler assez mollassone. Sans parler de ses voisins de travée. Ils auraient sûrement un coup de chaud en découvrant que la jeune femme assise à leur côté est une "trans". Soit l'incarnation parfaite de la perversion contemporaine, aux yeux du Conseil pontifical pour la famille.
Il y a trois ans, Monica voulait se marier avec Camille, trans-sexuel. Bijoutée de partout, elle nous racontait son histoire attablée au Mac Do de la place du Châtelet. Aujourd'hui, la voilà pacsée avec un barman et la bible à la main. "Papa, maman, tout le monde croit en Dieu chez moi, dit-elle, avec un sourire de gamine. J'ai toujours été catholique."
Catho, mais pas papiste: "Les papes, c'est tous des hypocrites. Mais bon, j'avais envie de voir une messe comme çà, c'est fou, tous ces gens. On n'est pourtant pas à un concert de Madonna!"
La belle doit son invitation à une association qui s'occupe des travestis du Bois de Boulogne. Dieu aime toutes ses créatures. En revanche, la voix mâle de Monica commence à perturber le public. "Chut", lance le journaliste Bruno Frappat, figure de la presse catholique. Monica tente de parler plus bas, sans succès. "Faut que je fasse gaffe, dit-elle. J'aime pas quand la police m'emmènent au poste".