Revues de presse et de blogs par une journaliste transgenre qui traite de la TRANSIDENTITE (appelée improprement "transsexualité").Le blog "Différences" est devenu aujourd'hui une REFERENCE FRANCOPHONE sur la TRANSIDENTITE
20 Janvier 2008
Trois jours de projections de films inédits
pour aborder d’importants enjeux : la construction de l’identité, le lien entre genre, corps et sexe, l’appartenance à une minorité, l’identité trans au sein des luttes queer et féministes,
l’accès à l’emploi, l’immigration, l’activisme identitaire…
En France, les trans actuellement encore réduit/es à des sujets psychiatriques, ne peuvent disposer librement de leur corps et changer facilement leur état civil.
Le Festival Identit est né de la volonté de combler l’absence de représentations respectueuses de l’identité et de la culture trans.
Identit est destiné à toutes et tous, il a pour ambition de susciter un intérêt collectif pour la transidentité.
Bambi, vedette du mythique Carrousel dans les années 1950-60, en est l'invitée d’honneur.
Outre Paper Dolls, d'autres exclusivités telle She’s My Brother, le film glamour sur l’une des sœurs du clan Arquette,
mais également Wild Side, le précieux long-métrage de Sébastien Lifshitz en présence du réalisateur et de Stéphanie Michelini ; Boy I Am de Sam Feder & Julie Hollar une magnifique chronique de résistance, un porno inédit de Buck Angel, un court-métrage
incontournable co-réalisé par Annie Sprinkle en 1989 et en clôture, Nous n'irons plus au bois de Josée Dayan. [LIRE > [T.V.] "Nous n'irons plus aux bois" de Josée Dayan, "portraits croisés de transsexuel(le)s"
(21 avril 2008)
Tous les films étaient projetés au cinéma l'Archipel, 17 boulevard de Strasbourg à Paris Xe - métro Strasbourg St-Denis) - 5 € la séance -
Pass Festival 20 €
Premier bilan du Festival
Voici un compte-rendu du Festival et des films qui m'ont marqués.
Nota : pour des raisons de respect de l'anonymat de certaines
personnes (public et organisateur-trice), aucune photo et vidéo ne sera ici diffusée.
Après 3 jours de projection de films de grandes qualités, le Festival IndentiT s'est clôturé le dimanche 13 janvier avec deux
documentaires.
- "Paper Dolls" de Tomer Heymann (Israël, 2006) raconte la nouvelle vie de "kathoes", trans philippines et... aide-soignantes auprès
de juifs orthodoxes en Israël tout en étant performeuses dans des nights-clubs de Tel-Aviv. Humour et raison sont les forces de ce film plein de leçons de vie.
- "Nous n'irons plus au bois" de Josée Dayan (2007) sur la condition des Trans en France expliquée et incarnée par des personnalités
transsexuelles et transgenres françaises au travers de riches et précieux témoignages, analyses et portraits croisés.
Un film riche d'informations sur les parcours divers de Trans MtF et FtM, connu(e)s ou moins connu(e)s (diffusé sur France 3 en avril
2008) > LIRE > [T.V.] "Nous n'irons plus aux bois" de Josée Dayan, "portraits croisés de transsexuel(le)s" (21 avril 2008)
La projection fut suivi d'un débat fait d'échanges ouverts et utiles avec la salle en présence de la réalisatrice et des participant(e)s du film.
Parmi les autres films marquants, citons :
- "Boy I am" de Sam Feder et Julie Hollar (USA, 2006) qui dénonce un certain nombre d'a-priori dont sont victimes les trans, a priori qui
conduise à leur négation. Une chronique de résistance qui invite les spectateurs/trices à repenser le concept d'activisme et d'identité.
Et, plus souriants mais non moins instructifs, les courts-métrages d'animation de Dylan Vade et Abe Bernard : "Trannymals" (USA, 2006-07
/ inédits en France) !
Avec des séances souvent pleines (à certaines, on a du refuser des spectateurs-trices !), le Festival a rempli son pari : intéresser au-delà des personnes concernées.
Il est toutefois regretable que la communauté homosexuelle n'ait pas été plus présente pour "appuyer" par sa présence et être ainsi solidaire de cette initiative généreuse (les femmes
majoritaires, dont certaines lesbiennes faisaient oublier l'absence notoire des "gays" !).
On peut aussi regretter que la (grande) presse n'ait pas daigné jugé bon se déplacer ou même annoncer l'existence de cette première édition qui, on l'espère, sera suivi d'autres.
Bon vent à IdentiT !
Caphi
Interview Un premier festival de films sur la transidentité de Paris "pour faire évoluer les mentalités en matière de représentations des trans et sensibiliser un large public sur les discriminations qu'ils subissent encore en 2008." * (lire mon témoignage personnel d'un cas récent de discrimination dans mon journal personnel) |
Paris possédait déjà son festival de films gays et lesbiens, et un festival plus spécifiquement destiné aux lesbiennes, Cineffable. Désormais, la capitale accueille également un festival de cinéma ayant pour thème les identités transgenres et transsexuelles, rarement abordées au cinéma et à la télévision - si ce n’est sur le mode pathologique et lacrymal. Cette première édition, qui s’est déroulée du 11 au 13 janvier, a été l’occasion pour un public varié de découvrir des documentaires et des fictions d’une grande richesse sur les transgenres MtF (« Male to Female », homme ayant opéré une transition vers une identité femme) aussi bien que sur les transgenres FtM (« Female to Male »), souvent moins connus du grand public. Entretien avec Catherine Oh, coorganisatrice du festival, avec Jihan Ferjani.
Comment est né le projet du festival de films trans IdentiT ?
L’idée de ce festival a germé cet été. Nous avons alors décidé de monter à deux, et en quatre mois, un événement politique, culturel et artistique sur la transidentité pour mobiliser avec pédagogie un public le plus large possible, d’initié/es et de non-initié/es. Il devient de plus en plus urgent de mettre fin à l’ignorance concernant la transsexualité. Mettre des images sur l’oppression subie par les trans permet cette prise de conscience collective dont nous avons besoin pour soutenir des revendications légitimes telles que la dépsychiatrisation du parcours trans, un changement d’état civil facilité, avec ou sans opération, la prise en compte de la transphobie dans la liste des discriminations passibles de condamnation judiciaire… Autant de choses qui ne sont pas acquises à l’heure actuelle, et qui, pourtant, sont vitales pour une partie de la population qui reste marginalisée en droit et en fait.
Quels films a-t-on pu voir lors de ces trois jours de festival ?
Nous avons proposé une programmation diversifiée et de qualité, qui allait du film d’animation au documentaire. Des films qui montrent à quel point les thématiques trans sont riches et ne concernent pas que les trans. Un cinéma qui parle de fierté, de culture minoritaire, identitaire, mais aussi d’ostracisme social, politique, juridique, économique. Des films dans lesquels chacun et chacune d’entre nous peut se retrouver.
Quel bilan faites-vous de cette première expérience ?
C’est un véritable succès. Le public a répondu présent : la salle était comble pour chaque séance ! Nous sommes très heureux et heureuses d’avoir pu offrir un espace à des films qui n’avaient jamais été diffusés en France, échanger avec le public et accueillir des réalisateurs tels que Sébastien Lifshitz ou Josée Dayan. En revanche, le triste constat est le manque d’intérêt de la plupart des grands médias nationaux que nous avons pourtant essayé de mobiliser.
Marie Kirschen, l'Humanite
Article paru le 17 janvier 2008