Grand prix du jury au
56e Festival de Berlin
*** Soap de Pernille Fischer Christensen (en
salle le 28 Mai
2008)
. "Sous ses airs de ne pas y toucher, ce pastiche de soap opera dépasse la simple trame d'une rencontre improbable et réinvente avec humour et
tendresse les codes du désir amoureux." [aVoir-aLire.com]
. "Ce film danois prend le contre-pied des petites comédies de mœurs rose bonbon (...)
Attachant, jamais dérangeant, « Soap » est une réflexion sensible sur l’isolement urbain et sur la mise à l’écart de ces marginaux perdus entre deux sexes (...) Touchante, cette histoire de voisinage amoureux sans issue nous émeut parce qu’elle prend corps et cœur dans l’interprétation sans fard des deux acteurs
principaux." [Paris
Match]
. "Soap est un film iconoclaste, original et passionnant. Plus qu'une oeuvre sur un amour improbable, il entonne un
véritable hymne à la tolérance et la différence." [EVENE]
. "Plus exigeant que Transamerica, Soap s’aventure dans des sentiers formels à la fois sophistiqués et audacieux -à la manière d’un
soap opera- et suit des personnages réalistes, complexes et attachants, le tout avec un ton tour à tour décalé, cru, humoristique, cruel, bref, scandinave à souhait ! Un OVNI bien
frappé à découvrir absolument." [Françoise Duru, dissidenz]
Film danois en couleur, 2006, tous publics
Durée : 1 h 44
Sortie en salle : 28 Mai 2008
A sa sortie, seulement 2 salles en France l'ont programmé : Le Reflet
Médicis (Paris 5e) et le Cinéma Comoedia à
Lyon.
Le site : www.myspace.com/soaplefilm
Présentation
Charlotte a 32 ans et peut tout avoir si
elle le désire. Lorsqu'elle se sépare de son fiancé, elle emménage dans un nouvel appartement. Un
jour, elle rencontre Véronica, sa voisine du dessous, qui se trouve être un transsexuel.
Véronica aime rester seule avec son chien, devant son soap préféré à la télé. Pourtant les deux voisines vont se rapprocher et tenter de régler leurs histoires de coeur respectives.
La critique [evene]

le 28 Avril 2008 par Rémy Pellissier
'Soap' est un film iconoclaste, original et passionnant. Plus qu'une oeuvre sur un amour improbable, il
entonne un véritable hymne à la tolérance et la différence. Le thème sérieux, presque grave, de la transsexualité aurait pu donner lieu à une narration lourde et moralisatrice. Il n'en est rien.
Le ton décalé et assez drolatique allège l'ensemble et permet de faire passer une réflexion admirable sur un sujet peu discuté. Sur la forme, Pernille Fisher Christensen, la réalisatrice danoise,
s'inspire pour partie de l'esthétique et des concepts du Dogme et de Lars von Trier. 'Soap' est ainsi divisé en chapitres et une voix off récapitule le contexte lors des moments-clés du film.
Mais la narration n'en demeure pas moins fluide et les effets visuels (ralentis, plan fixes contemplatifs, grain à l'image…) ajoutent à la qualité de l'oeuvre. Les mises en abyme de certaines
situations de l'histoire avec les soaps qui passent à la télévision sont aussi discrètes que pertinentes. Dépouillé et parfois franchement amusant, 'Soap' milite pour un amour pur, au-delà des
tabous et des représentations. On en ressort ému et pensif. Pari tenu.
Casting
Distributeur : Equation
Sortie en salle : 28 Mai 2008
Le site : www.myspace.com/soaplefilm
Autres critiques
Troubles de voisinage par Alain
Spira, Paris Match, 30
Mai 2008

Trentenaire apparemment épanouie, Charlotte (Trine Dyrholm) a tout pour être
comblée. Comblée comme une tombe où l’enterre vivante sa relation de couple. Alors, brisant un sarcophage quasi conjugal, elle part vivre seule dans un appartement. Quand elle frappe à la porte
de son voisin du dessous pour faire sa connaissance, elle a la surprise de tomber sur Veronica (David Dencik), un transsexuel.
Ce triste locataire traverse sa vie sur un radeau de solitude, avec, pour toute compagnie, son petit chien et sa télécommande.
Vivotant de quelques passes sordides, il/elle passe son temps à regarder de mièvres séries télévisées (des « soaps ») en rêvant à l’opération qui le fera vraiment femme. Maladroite, Charlotte
rate son entrée en matière avec la très susceptible Veronica. Mais, peu à peu, les relations entre la célibataire et le travesti se normalisent. La complicité qui les lie progressivement va
ébranler leurs certitudes et ouvrir la porte à des sentiments aussi encombrants qu’imprévus. Mais sur quel sexe danser dans une telle histoire d’amour ?
Grand Prix du jury au festival de Berlin en 2006, ce film danois prend le contre-pied des petites comédies de mœurs rose bonbon.
Ici, on est plutôt dans la grisaille urbaine de deux êtres esseulés que tout sépare, sauf leur mal de vivre. Attachant, jamais dérangeant, « Soap » est une réflexion sensible sur l’isolement
urbain et sur la mise à l’écart de ces marginaux perdus entre deux sexes. Composé d’une succession de saynètes chapitrées, ce film est un huis clos parfois glauque qu’illuminent traits d’humour
et éclairs d’humanité.
Touchante, cette histoire de voisinage amoureux sans issue nous émeut parce qu’elle prend corps et cœur dans l’interprétation sans
fard des deux acteurs principaux. Ça n’est pas un hasard si David Dencik (excellent) a joué du Sarah Kane au théâtre, et si Trine Dyrholm a fait partie de la distribution de « Festen » de
Thomas Vinterberg. En dessinant le portrait sensible d’un transsexuel désespéré, « Soap » passe un bon savon à l’intolérance. Et ça, vraiment, c’est du propre !
source : parismatch.com
Vainqueur du Grand Prix au
Festival de Berlin 2006, Soap de la Danoise Pernille Fischer Christensen aura mis plus de deux ans pour enfin sortir en salles en France.
Publié par Dissidenz le 28/05/2008
Il faut dire qu’il n’est jamais très évident de programmer du cinéma scandinave dans l’Hexagone, quelle que soit la
qualité du film. Les exemples sont légion : quand bien même sélectionnés, voire récompensés lors de prestigieux festivals, des films tels que Elling de Petter Naess, Les
chansons du deuxième étage de Roy Andersson, Insomnia d’Erik Skjoldbjaerg (qui a même fait l’objet d’un remake américain), Lilya 4-Ever de Lukas Moodysson ou plus
récemment The Bothersome Man de Jens Lien (rebaptisé Norway Of Life pour sa sortie française) et même Le Direktor du Danois Lars Von Trier ont été largement
sous-estimés par le public français. Quelles peuvent en être les raisons ? La langue ? (Peu de films sont doublés en français et l’oreille française semble mal s’accommoder des consonances
scandinaves…) Le climat ? (Le public latin n’est peut-être pas habitué à la géographie et à la lumière des contrées du nord…) Le style, la culture scandinave ? (Un humour décapant, un sens
de la dérision tragi-comique désarmant, des prises de position formelles aussi radicales qu’ imprévisibles, l’absence de frontière clairement définie entre le bien et le mal -à l’inverse du
schéma américain- qui perturbe l’identification du spectateur à un héros précis) Ou tout simplement des a priori ? (cinéma scandinave = Bergman = prise de tête…)
Et pourtant le cinéma scandinave n’a jamais été aussi dynamique et innovant, laissant émerger de jeunes auteurs prometteurs ou confirmés à l’instar de Bent
Hamer, Lukas Moodysson, Dagur Kari ou encore Susanne Bier, et non plus les seuls Kaurismaki, Bergman, Von Trier -encore que ce dernier n’a de cesse de se renouveler à chaque nouvel opus et
se démarque à cet égard comme un des rares cinéastes établis à remettre en question, voire à jouer avec le cinéma comme le cinéma se joue peut-être de son public ! Dans Le Direktor
par exemple, Lars Von Trier pousse ainsi le radicalisme jusqu’à produire des bonus DVD prolongeant la dérision du sujet du film et n’hésite pas à cet effet à désacraliser son statut de
réalisateur et à casser l’image des comédiens –réduisant ainsi son équipe à de simples victimes de la machination du cinéma, ici incarnée, entre autres, par l’Automavision, procédé de
cadrage aléatoire utilisé dans le film (excluant donc par moments les acteurs du champ et échappant ainsi délibérément au contrôle du metteur en scène !).
Pour revenir à Soap, Pernille Fischer Christensen traite de manière originale et audacieuse le sujet de la transsexualité, à travers
l’histoire de Veronica, femme depuis toujours mais en attente de l’ultime opération qui entérinera sa féminité sur le plan anatomique. Veronica, femme introvertie et romantique, suit
assidument, jour après jour, sa série préférée, un soap opera. Jusqu’au jour où elle fait la rencontre fortuite de sa nouvelle voisine, Charlotte, qui vient de larguer son petit ami et
d’emménager à l’étage du dessus. Charlotte, extravertie et femme de caractère, est quant à elle anatomiquement comblée. Et pourtant, sa vie est loin de la satisfaire… Il lui manque quelque
chose qu’elle n’arrive pas à définir : du piquant ? De l’insolite ? De l’amour ? Tout à la fois ? En tout cas, Veronica la fascine…
Plus exigeant que Transamerica, Soap s’aventure dans des sentiers formels à la fois sophistiqués et audacieux -à la manière d’un soap
opera- et suit des personnages réalistes, complexes et attachants, le tout avec un ton tour à tour décalé, cru, humoristique, cruel, bref, scandinave à souhait ! Un OVNI bien frappé à
découvrir absolument.
Françoise Duru
http://fr.blogs.dissidenz.com
Premier film instigué par le New Danish Screen et signé par Pernille Fisher
Christensen, Soap parle de deux âmes esseulées dans un immeuble déshumanisé. Tout d'abord, il y a Charlotte, 32 ans, qui souhaite changer de vie, vire son petit ami, vient d'emménager et
fait une drôle de rencontre. Celle de Veronica, sa voisine du dessous, qui est... un transsexuel. Ensemble, ils vont consoler leurs coeurs en berne. Entre elle et lui, ça devient l'envers à
l'endroit. Deux miroirs qui face à face nous envoient une image où le temps s'efface. C'est une histoire qui se passe au-delà de ce qu'on voit. Ce qu'on croit. D'elle ou lui. En dépit d'une vraie
modestie formelle, la jeune réalisatrice, pourvue d'une vraie sensibilité pour dépeindre les états d'âme et autres intermittences du coeur, capte quelques vérités sur le désir aujourd'hui.
La lecture du dossier de presse risque de laisser rétif les cyniques qui se méfient à juste titre d'horribles expressions comme "hymne à la
tolérance" et pensent du coup avoir affaire à un énième conte romantique pour boy and girl next door n'éveillant rien de plus qu'une niaiserie inoffensive. Mais ce film, tourné avec des
peanuts, évacue dès les premières scènes les craintes liminaires ne serait-ce que dans la caractérisation des personnages. Pernille Fisher Christensen ne décrit pas un «homme qui aurait voulu
être une femme» comme une bête curieuse mais comme un mec vaguement autiste qui n'accepte pas de tomber amoureux parce qu'il n'accepte pas son corps ni même l'image qu'il renvoie aux autres.
Notamment à sa mère poule qui lui rend visite pour donner des provisions, échapper à la pression de son mari intolérant et l'empêcher de fréquenter un monde extérieur hostile envers les
marginaux. Dans les grandes lignes, Soap fait penser à The Hole, de Tsai Ming-Liang sans la poésie contagieuse mais avec la même déprime urbaine. L'action se déroule intégralement
dans deux appartements factices conçus de manière à respecter la reconstitution en studio imposée par le titre : construire l'intrigue comme un soap niaiseux. Progressivement, elle rapproche deux
solitudes.
L'appartement de Veronica ressemble à un cocon dark où plus rien ne circule si ce n'est des clients de passage qui veulent explorer des fantasmes inavouables et assurent son revenu quotidien. Le
bilan n'est guère plus reluisant pour la voisine du dessus : Charlotte veut rompre avec le conformisme d'une vie tranquille qui lui tendait les bras et refuse de revoir son fiancé de six ans
éperdument amoureux qui ne la comprend plus. Afin de respecter la structure d'un soap plus glauque que rose bonbon, la cinéaste fragmente l'histoire en chapitres aux titres vaguement ironiques à
la manière de Lars Von Trier - figure tutélaire indiscutable - sur Dogville et Manderlay. Son regard n'est sans doute pas aussi incisif pour prétendre à la dérision et risque d'être mal
interprété (premier ou second degré?). On peut prendre cette maladresse comme une manière de rappeler que l'humour reste la politesse du désespoir. D'autant que le soap sert surtout de prétexte.
En regardant des séries gnangnan qui prétendent disserter sur les sentiments, Charlotte et Veronica, plus ou moins abîmés par la vie, communiquent des sentiments exacerbés à travers ces fictions
de pacotille. On ne verra pas un seul épisode de soap, on n'entendra que des voix outrées de comédiens. Comme si ces voix devinaient celles, intérieures, des deux personnages. Christensen sait
pertinemment que tout le monde a déjà vécu ce genre de situation un peu honteuse. Le spectateur peut ainsi se retrouver dans cette forme d'addiction midinette. C'est un peu comme si un jour vous
tombiez sur une chanson de Lara Fabian, de Joe Dassin ou de France Gall à la radio et que vous trouviez dans un refrain (si possible ringard) une réponse à ce que vous ressentez sur le
moment.
Heureusement, le film ne ressemble pas à un feuilleton primesautier et consensuel qui traite au premier degré des aléas sentimentaux de ses personnages singuliers
malgré eux. Au contraire, il suinte la dépression et ne triche pas avec les instincts mortifères (tentatives de suicide, envies masochistes, sexualité morbide, femme battue etc.). Au même titre
qu'il ne s'abîme jamais dans la case psy en ayant la bonne idée de ne pas répondre aux questions les plus insistantes (pourquoi Charlotte s'est séparée de son précédent mec? Pourquoi la mère
arbore un sourire impeccable alors qu'elle se morfond couardement de culpabilité?). Paradoxalement, le déficit visuel (utilisation de la DV) convient à la modestie du propos et interpelle
frontalement le spectateur. La sécheresse manifeste de la forme prédestine à la fragile réunion de deux solitudes. La cinéaste, elle, ose raconter comment Charlotte et Veronica ne cherchent pas à
devenir les meilleurs amis du monde qui se racontent avec un sourire convenu leurs meilleurs souvenirs cul. Ils sont juste irrésistiblement attirés l'un vers l'autre, sans savoir pourquoi.

Elle est sexy mais commence à en avoir ras le bol des hétéros sans surprise; il porte une perruque mais n'a rien d'une folle extravertie. Son regard à elle traduit une renaissance; le sien semble
porter tout le malheur du monde. La relation exclusive - dont on ne sent pas exclu - dépasse les identités sexuelles, réveille des sentiments endormis et secoue le désoeuvrement quotidien. Pour
peu qu'on apprécie la discrétion et les silences (pas de grand sujet de conversation, juste le plaisir d'être tous les deux), cette rencontre improbable qui devient une histoire d'amour
transgenre possède des atours séduisants, le premier étant de ne jamais sous-estimer la sensibilité de ses personnages. Atout majeur des comédiens: Trine Dyrholm, découverte chez Vinterberg, ne
ressemble pas à Angelina Jolie et David Dencik, vu chez Christoffer Boe, ne ressemble pas à Brad Pitt. Leurs personnages, qui n'ont rien des héros de soap américains, trop anodins pour soulever
l'enthousiasme des (télé)spectateurs et trop singuliers pour créer une forme d'empathie avec la ménagère de moins de 50 ans, s'aiment envers et contre tous les tabous, dans l'incompréhension
générale. Pour cette raison, cette bulle de savon plutôt fragile devrait toucher tout ceux qui voient de la beauté là où les autres ne la voient pas.
Romain Le Vern, excessif.com

la
réalisatrice Pernille Fischer Christensen
SOAP
Un film de Pernille Fischer Christensen
Avec Trine Dyrholm, David Dencik, Joan Bentsen
Durée : 1h50
Sortie en salle : 28 Mai 2008
Le site : www.myspace.com/soaplefilm
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