Revues de presse et de blogs par une journaliste transgenre qui traite de la TRANSIDENTITE (appelée improprement "transsexualité").Le blog "Différences" est devenu aujourd'hui une REFERENCE FRANCOPHONE sur la TRANSIDENTITE
18 Février 2008
Dix-huitième congrès de l'AISLF
GT 07 : Sociologie des sexualités
Le Groupe de travail "Sociologie des sexualités" (GT07) de l'Association Internationale des Sociologues de Langue Française organise des sessions durant toute la durée du 18ème congrès de l'AISLF, "Être en société : le lien social à l'épreuve des cultures", qui se déroulera à Istanbul (Turquie) du 7 au 11 juillet 2008.
On se souvient d’Emile Durkheim pour qui la sexualité avait un caractère double : elle heurte la morale et elle est, en même temps, constitutive de la morale (1911). En pleine « révolution sexuelle », l’intuition du grand nom de la sociologie française trouve un écho chez Michel Foucault. Sa critique d’une hypothèse répressive reste pourtant peu comprise, notamment lorsqu’il propose de « (…) montrer que ce serait sans doute plus intéressant et plus riche de faire l’histoire de la sexualité à partir de ce qui l’a motivée et incitée plutôt qu’à partir de ce qui l’a interdite » (1978).
Le recensement des travaux sociologiques depuis le tournant du XXe siècle raconte en partie cette histoire : l’étude des sexualités est centrée dès l’origine sur les conditions de l’avènement et du maintien de la normalité sexuelle, avant tout matrimoniale et familiale.
Au lieu de considérer les marges au-delà de ces normes, c’est l’examen des déviations les plus immédiates qui prime, à partir des débats sur l’éducation sexuelle, l’expérience pré-maritale et les relations extra-conjugales.
Si les champs de publication concernés confirment à eux seuls cette tendance, la période récente voit néanmoins l’expression scientifique des sexualités « autres » accéder à la visibilité académique, surtout depuis les années 1970. Souvent centrée sur les questions de santé (mentale et sexuelle, d’autant plus au temps du sida) une telle sociologie des sexualités a gagné en autonomie au contact des études consacrées au genre et aux rapports sociaux de sexe, ou plus récemment, en rejoignant l’attention portée aux inégalités, aux identités et aux liens sociaux, ou enfin en incorporant les apports de la Queer Theory, qui doit d’ailleurs beaucoup à une relecture d’auteurs français.
Enfin, bien que la littérature sur l’implication personnelle dans les recherches sur les sexualités ait dernièrement mis l’accent sur la relation objet / sujet, on a peu détaillé les formes d’une imbrication des rationalités « courantes » et « savantes », et leurs effets sur les situations, sur les biographies, ou sur les enquêtes elles-mêmes. Aborder ces enjeux méthodologiques, et faire « jonction » thématique au sein d’une discipline en apparence morcelée, cela implique sûrement d’une sociologie des sexualités qu’elle s’affirme à la croisée disciplinaire longtemps balisée par ses deux voisines en mauvais termes : la démographie et l’anthropologie. Que les sexualités soient entre temps devenues objet d’histoire et de géographie voue d’autant plus la sociologie à motiver les termes de son propre intérêt.
L’appel à communication du GT 07 pour le congrès de l’AISLF est organisé en six axes, non exclusifs les uns des autres. En fonction des propositions acceptées, des séances communes pourront être organisées avec d’autres CR ou GT de l’AISLF.
1 : Théories et grandes enquêtes
Un certain nombre de modèles théoriques sont couramment utilisés en sociologie des sexualités. Un retour régulier et critique sur ces théories semble particulièrement indiqué, qu’elles soient propres au champ lui-même ou issues d’autres champs. Plusieurs grandes enquêtes ont par ailleurs marqué et marquent encore la sociologie des sexualités. Ces « grands travaux » constituent souvent des références incontournables et peuvent aussi de faire l’objet d’un débat.
2 : Variations culturelles et sociales des sexualités
Dans la mesure où ce sont surtout les pratiques occidentales qui se trouvent placées sous les projecteurs de la recherche sur les sexualités, un certain ethnocentrisme peut être redouté. Qu’en est-il des usages et des représentations dans d’autres cultures ? Peut-on également parler, dans un espace social donné, de « cultures des sexualités » au pluriel ? En quoi la mobilité géographique, la contraction des distances, enchevêtrentelles ou non davantage des réalités sexuelles multiples, leurs logiques de pouvoir, leurs négociations ?
3 : Morale, contrôle social et politique des sexualités
La sexualité fait l’objet d’un contrôle social dont Michel Foucault a décrit les mécanismes. Il convient d’interroger sans cesse cette forme de pouvoir et d’étudier les mouvements sociaux qui ont tenté de l’infléchir ou de la transformer, en développant les grandes lignes d’une « politique des sexualités ». Ces mouvements, souvent militants ou radicaux, initient les conditions du changement social dans le champ des sexualités, mais peuvent également être envisagés à leur tour comme producteurs de normes et de contrôle.
4 : Santé versus sexualité ? : pratiques, comportements et normes
La grande « nosographie du sexe » s’est appuyée sur le savoir et les professions médicales. Qu’en est-il aujourd’hui ? L’épidémie de sida a été l’occasion d’un développement inégalé des recherches sur les comportements et les pratiques sexuelles, quelles que soient les sexualités envisagées. Une telle somme de connaissances descriptives cache souvent des enjeux plus profonds en termes de catégorisation, de normalisation ou de désignation, et in fine de contrôle social des sexualités. Un regard rétrospectif sur cet engouement scientifique pour les usages du corps et les pratiques du sexe serait très éclairant, en particulier s’il engage à définir les frontières entre sociologie et éthologie humaine.
5 : Performativité des sexualités
Dans quelle mesure peut-on aborder les sexualités en termes de « performances », comme le propose la Queer Theory ? Comment étudier « ce qui se voit » et le relier à « ce qui est secret » ? La labilité et les paradoxes sont-ils observables et comment ? La sexualité s’exposant au travers de rites, de pratiques sociales ou culturelles, des objets comme la pornographie, la prostitution, la « drague », le « transgenre », pour contemporains qu’ils paraissent, n’en restent pas moins difficiles à saisir, y compris par un nouveau « cadrage » conceptuel. Les formes spatiales, culturelles et médiatiques très diverses de leur expression constituent autant de terrains de recherche légitimes.
6 : Méthodologie
Toute proposition de communication s’intéressant spécifiquement ou conjointement aux questions de méthodologie est bienvenue, dans une perspective tant quantitative que qualitative : dispositifs d’enquête, constitution d’échantillons, protocoles de recueil et de traitement de données, modèles analytiques…
Responsables du Groupe de travail :
Propositions uniquement en ligne, sur le site du Congrès :