19 Octobre 2011
XVIIe conférence internationale sur le sida (3-8 août 2008, Mexico)
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Les transgenres
organisent leur lobby |
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Coordinatrice du réseau des transgenres d'Amérique latine (Red LacTrans), Marcela Romero était fière de voir la communauté transgenre prendre une place plus importante durant la XVIIe édition de la conférence internationale sur le sida. Non seulement visible, la communauté a su se faire entendre lors de nombreuses sessions ou au cours de présentations de posters décrivant les actions des associations. «Nous prouvons que la communauté transgenre est présente, déclare Marcela Romero. Elle a des choses à dire et fait partie de la société civile, au même titre que les hommes ou les femmes biologiques. Qui mieux que nous, peut parler de nous ? Nous ne pouvons plus accepter que d'autres parlent à notre place !». Cette conviction est d'ailleurs à l'origine de la création de Red LacTrans, qui regroupe depuis 2004 des associations de 20 pays d'Amérique Latine souhaitant s'organiser politiquement et porter une parole commune au sujet de la reconnaissance des droits des transgenres. |
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Le droit à la différence | |||
L'engagement politique dans la société civile est primordial. Keyla Simpson est consultante auprès du ministère de la Santé au Brésil et se bat
depuis plus de 10 ans pour faire de la question transgenre un sujet incontournable dans les débats publics de son pays. «Les transgenres cumulent les stigmates, sont victimes de
nombreuses discriminations et vivent dans une grande vulnérabilité, notamment face au VIH/sida.» L'espérance de vie des transgenres en Amérique Latine est d'environ 35 ans. Dans
la majorité des cas, les décès sont dus soit au VIH, soit à des violences physiques. Le fait que les droits fondamentaux ne soient pas appliqués à leur encontre aggrave d'autant
plus la vulnérabilité de ces personnes. |
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Préparer l'avenir
A Cali, Valentina Riascos Sanchez tente au sein de son association de lutter contre toutes les formes de discrimination. Elle a créé une «carte
d'identité» transgenre, reprenant la photo de la personne, ainsi que ses nom et prénom féminins. Au recto de cette carte, sont inscrits quelques articles de loi, sur les droits
des personnes en cas d'arrestation et la liberté de chacun à pouvoir exercer le travail sexuel. Valentina souhaiterait que toutes les personnes transgenres puissent être en
possession de cette carte, afin de faciliter leurs relations avec les autorités et réduire le nombre de violences policières. Elle œuvre aussi pour que les transgenres puissent
être appelées par leur prénom féminin. Ce dernier point semble primordial pour la prise en charge médicale des membres de la communauté. En effet, explique Marcela Romero, de
nombreux transgenres vivant avec le VIH négligeraient leur suivi médical, faute d'un accueil respectueux et non stigmatisant dans certains établissements médicaux. Comment se
sentir à l'aise dans un lieu de soins quand tout le monde, y compris le médecin, vous parle au masculin ?
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Mobilisation et défense des transgenres en France
A la veille de la remise par l'HAS d'un rapport sur les transgenres, Camille Cabral, directrice du PASTT (2) à Paris, souhaiterait qu'un réseau
similaire à celui de l'Amérique Latine puisse voir le jour en France et par la suite en Europe. Selon elle, la Red Lac Trans doit servir d'exemple en terme « d'empowerment (3) »
pour l'ensemble de la communauté transgenre internationale. |
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L'action d'Arcat | |||
Dans son action d'accompagnement global de personnes vivant avec le VIH et les hépatites chroniques, l'association Arcat mène depuis 2001 un programme d'information et de prévention spécifique pour un public transgenre latino. Programme qui a pour objectif de réduire le risque d'infection par le VIH et les IST et d'informer sur l'accès aux soins et les services adaptés à la prise en charge de personnes transgenres. Un psychologue et une animatrice de prévention proposent des entretiens individuels de prévention en langue espagnole. Ils peuvent réaliser des accompagnements physiques quand l'état de santé ou la situation sociale des usagères le nécessitent. L'association met également à disposition des dépliants adaptés (sur le VIH, les IST, les hépatites, le mode d'emploi du préservatif, les droits sociaux) et va réaliser des brochures spécifiquement destinées à la population transgenre et aux personnes les prenant en charge. Préservatifs et gels lubrifiants sont distribués lors d'actions qui ont lieu toute l'année, dans un local situé à proximité d'un lieu de prostitution à Paris, et à bord d'un bus qui sillonne les lieux de prostitution dans une forêt aux alentours de la capitale. Cette action est menée en collaboration avec l'association « les amis du bus des femmes » qui intervient spécifiquement auprès du public prostitué. En 2007, 211 personnes transgenres ont bénéficié des entretiens menés par ARCAT dont certaines ont été orientées vers des services sociaux hospitaliers et des consultations spécialisées de médecins proctologues et médecins endocrinologues. | |||
Miguel-Ange Garzo, Christine Etchepare et Anne Guérin (Arcat, Paris) | |||
(source : Pari-t)
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Les associations de transsexuels et de lutte contre le sida et le Centre régional d’information et de prévention du sida (Crips) publient une première étude exploratoire décrivant la
situation sociale, les comportements sexuels et le recours aux soins des personnes trans.
L’étude a été réalisée auprès des 179 personnes ayant répondu à un questionnaire élaboré par le Crips et Act Up-Paris puis diffusé via Internet de mai à juin 2007. Les informations recueillies mettent en évidence des caractéristiques socio-économiques proches de la population générale, mais avec des modes de vie marqués par moins de vie de couple, moins d’activité sexuelle, plus de rapports sexuels associés à des échanges d’argent, des prises de risques plus importantes vis à vis du VIH, davantage de consommation de substances psychoactives.
Depuis l’ère du sida, la connaissance de la population homosexuelle masculine s’est améliorée notamment en matière de comportements sexuels et de compréhension de la construction identitaire, mais les associations de transsexuels et de lutte contre le sida pointent le manque de travaux sur la ou les populations qu’elles représentent. Le terme de transsexualité, sans définition clairement établie, recouvre des situations et des comportements variés chez des personnes qui ont en commun de se sentir en désaccord avec le sexe qui leur est assigné biologiquement à la naissance : transgenres, transsexuels, travestis, hommes se sentant femme ou l’inverse.
L’âge moyen des participants est de 39,6 ans. Plus de 93 % se sont définis par rapport aux notions de transsexuels (72,6 %) et de transgenres (54,8 %), 34,1 % répondant oui pour ces deux items (tableau 1). Parmi les participants, 41,9 % se déclarent hétérosexuels, 21,8 % homosexuels, 33,5 % ne se déclarent ni homosexuels ni hétérosexuels et 2,8 % se déclarent à la fois homosexuels et hétérosexuels. Orientation sexuelle et identité ne sont pas associées.
Cette enquête a notamment mis en évidence certaines particularités des comportements sexuels et préventifs :
Au cours des 12 derniers mois, 61 % des répondants ont eu
des rapports sexuels, et la moitié déclare avoir un partenaire principal.
Lorsque les répondants ont un partenaire principal, il s’agit d’une personne transsexuelle
dans 18,6 % des cas, d’un homme dans 30 % des cas et d’une femme dans 52 % des cas.
Parmi les répondants, 18,4 % rapportent des actes sexuels contre de l’argent, donné ou
reçu.
La proportion de répondants déclarant avoir eu des rapports sexuels dans les 12 mois
précédents diminue avec l’âge, passant de 75 % chez les moins de 30 ans à 32 % chez les plus de 50 ans.
Les personnes enquêtées déclarent en moyenne 4,4 partenaires dans les 12 derniers mois.
Une proportion importante des participants (82 %) déclare ne jamais utiliser de
préservatif pour les rapports bucco-génitaux et la moitié lors de rapports avec pénétration avec leur partenaire principal.
Bien que la différence ne soit pas significative, les personnes qui ont un homme pour
partenaire principal sont plus nombreuses à ne jamais avoir utilisé de préservatifs avec ce partenaire au cours des 12 derniers mois (72 % versus 64 % pour les personnes qui ont
pour partenaire principal une femme et 37 % pour celles qui ont pour partenaire principal une personne trans, p=0,07).
Le recours au test de dépistage du VIH dans les deux dernières années concerne 49,7 %
des participants, 29 % y ont eu recours antérieurement à cette période et 21 % n’ont jamais fait de test de dépistage. Sur l’ensemble de l’échantillon, 4,5 % se déclarent
séropositifs, 77,0 % se disent séronégatifs, 16,8 % ignorent leur statut sérologique et 1,7 % ne sont plus certains d’être séronégatifs.
Rapportés aux seuls participants qui ont eu au moins un test de dépistage au cours de la vie
(n = 141), le pourcentage se déclarant séropositifs serait de 5,7 %.
Dix-sept pour cent des participants déclarent avoir déjà eu une autre IST dans leur vie. Il
s’agit généralement d’infections à gonocoques ou d’herpès génital.
Cette enquête montre la faisabilité d’un recrutement par Internet pour atteindre une population cachée dont les caractéristiques sociales ont de nombreux points communs avec la population générale en terme d’âge, de proportion d’immigrés, de niveau d’étude et d’activité professionnelle, comme l’indique la comparaison avec l’Enquête décennale santé 2003 (EDS) réalisée en population générale.
Bien que l’infection à VIH semble plus présente dans la population trans que dans la population générale, en relation avec les prises de risques plus importantes, elle apparaît nettement moindre que dans la population gay. Ce résultat peut être lié à des comportements différents, notamment une diversité de partenaires moins importante dans la population enquêtée que dans la population homosexuelle masculine.
Le taux de séropositifs déclarés dans cette population socialement bien insérée est plus bas que ceux observés dans les études publiées dans d’autres pays
qui dépassent souvent 10 % .
http://femmesida.veille.inist.fr/spip.php?article629 - Rédigé le 2 juillet 2008
Source en ligne : BEH, 1er juillet 2008 / n°27
1er décembre 2008 : 20ème Journée mondiale contre le sida
Le 1er décembre 2008 a marqué le 20ème anniversaire de la Journée mondiale de lutte contre le sida, créée en 1988 par l'Organisation mondiale de la Santé. |
STOCKHOLM - Le professeur français Luc Montagnier, co-lauréat du prix Nobel de médecine 2008 avec Françoise Barré-Sinoussi, a estimé qu'un vaccin thérapeutique du sida pourrait voir le
jour dans "quatre ou cinq ans".
"C'est difficile à dire mais c'est peut-être une affaire de quatre ou cinq ans", a-t-il déclaré
samedi à l'AFP, en marge d'une conférence de presse à Stockholm où il doit assister la semaine prochaine à la remise de la prestigieuse récompense.
A la question "n'est-ce pas une échéance trop optimiste?", il a répondu: "on a déjà dix ans de travail derrière nous" et souligné que la recherche sur le vaccin thérapeutique était "plus facile" que celle du vaccin préventif.
"C'est une maladie très complexe (...) nous sommes toujours en train de chercher à expliquer pourquoi le système immunitaire décline et nous cherchons toujours la nature du réservoir du virus", a-t-il rappelé au cours de la conférence de presse.
Il a également souligné qu'à défaut d'éradiquer la maladie, il y avait "diverses manières de réduire la contamination" via l'éducation, l'information et la prévention d'autres maladies en particulier dans les pays en voie de développement.
De son côté, Françoise Barré-Sinoussi a souligné qu'il était impossible de donner une échéance pour la mise au point d'un vaccin préventif.
"On ne sait pas, il faut tout simplement le reconnaître, et travailler", a-t-elle déclaré à l'AFP.
Elle aussi a insisté sur l'importance des recherches portant sur la manière dont "le virus est capable de constituer un réservoir dans le corps, réservoir consistant", qui explique qu'aujourd'hui les malades doivent suivre un traitement "le reste de leur vie".
"C'est une maladie sexuelle. Le virus affecte les muqueuses. Donc si nous voulons développer un vaccin, nous devons appréhender et mieux comprendre la réponse immunitaire et le mécanisme de protection des muqueuses", a-t-elle ajouté.
La scientifique a également exprimé son impatience de "retourner à une vie normale" et au travail après les cérémonies des Nobel, soulignant qu'elle était sollicitée de toutes parts depuis deux mois.
Les deux scientifiques français ont été couronnés en octobre pour avoir découvert le virus immunodéficitaire (VIH) responsable du sida qui a déjà tué 25 millions de personnes à travers le monde.
Le comité a aussi récompensé le chercheur allemand Harald zur Hausen pour avoir identifié le virus responsable du cancer du col de l'utérus qui touche chaque année 500.000 femmes dans le monde.
Les trois chercheurs liront dimanche leur discours récipiendaire à l'Institut Karolinska à Stockholm.
Ils recevront leur prix mercredi des mains du roi de Suède, lors d'une cérémonie à Stockholm. Il s'agit d'une médaille, d'un diplôme et d'un chèque de 10 millions de couronnes suédoises (930.000 euros) à partager.
Le chercheur allemand recevra la moitié de la somme et les Français se partageront l'autre moitié. (source : AFP, 06/12/2008)