Manifestantes lors de la 11e
marche des transsexuel(le)s et interxué(es) le 06 octobre à Paris - photo caphi
PARIS (AFP) — "Psychiatres partout, hormones nulle part !" : la marche des transsexuels, qui a réuni samedi à Paris environ 400 personnes, entend dénoncer pour sa 11e édition la
"psychiatrisation" du regard porté sur leur singularité et de leur prise en charge médicale.
"On est encore considéré(e)s comme des malades mentaux", a déploré Caphi, 49 ans, qui a commencé son traitement hormonal pour devenir une femme il y a trois ans. "On demande
à disposer librement de notre corps, en quoi ça gêne ?", poursuit-elle, reconnaissant avoir franchi le pas tardivement alors qu'il se travestissait depuis l'adolescence.
Le transsexualisme est inscrit depuis 1996 dans la liste des troubles de l'identité sexuelle par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et à ce titre, toute démarche de
"transition" pour changer de genre doit passer par les fourches caudines d'un suivi psychiatrique.
Les manifestants - des personnes trans mais aussi des militants d'associations gays, lesbiennes et des droits de l'homme - dénonçaient le regard "normatif et binaire" imposé à
ces populations.
"Un homme, c'est comme ça; une femme, c'est comme ça : ta gueule le psy, tu nous fatigues", chantaient les manifestants, certains regroupés derrière une banderole indiquant: "les
normes sont trop étroites pour penser nos réalités".
"Il faut faire sortir la question trans du champ médical et la ré-inscrire dans le champ du politique au sens noble, celui du "vivre ensemble", a renchéri Jean-Raphaël
Bourge, militant de l'association les Panthères roses.
"Les évolutions les plus urgentes sont d'ordre "pratique", il s'agit de "simplifier les procédures de changement d'état civil", explique July Schultz, de l'assocation
Existrans qui organise la marche.
En France, pour passer de monsieur à madame (60% des cas) ou inversement sur ses papiers d'identité, il faut passer par le tribunal de grande instance. "On pourrait ramener
ça à une procédure administrative", propose July Schultz car le parcours judiciaire est "long et coûteux" en raison des expertises médicales et psychiatriques à la charge
du requérant et que les associations chiffrent à environ 3.000 euros.
"
Si dans la vie sociale on est madame et que nos papiers disent le contraire, ça complique singulièrement la vie, pour avoir un travail ou un logement", argue-t-elle.
Parmi les manifestants, une
transsexuelle peu vêtue de blanc s'est
attachée à une croix de bois surmontée d'un écriteau demandant simplement le "
respect".