9 Août 2010
Jean-Claude Dreyfus est l'interprète principal de Mardi à Monoprix d'Emmanuel Darley où "les thématiques de la différence et de l'exclusion au quotidien sont présentes dans le très beau et sensible
texte de Emmanuel Darley (...) [sur] la souffrance d'un être hypersensible qui avance pas à pas..." [FROGGY'S DELIGHT, novembre
2009]
Après été rejouée cet automne à Paris (Théâtre Ouvert, 18e), la pièce entame une nouvelle tournée française du 4 novembre au 19 Décembre
2010. EN SAVOIR PLUS sur Ze-Blog de
Jean-Claude Dreyfus
"Jamais graveleux ni caricatural, le texte d’Emmanuel Darley puise dans l’anecdotique tout le suc de son propos, toute la quintessence même de la souffrance
de ces individus trop voyants pour être des femmes, trop féminins pour être des hommes. Et c’est en transcendant ce quotidien qu’il dresse un état des lieux
d’une bouleversante lucidité sur le monde des transsexuels dont il va décrire toute la solitude." [CultureCie]
Sur un texte tellement juste, un monologue à deux voix et à cordes où Jean-Claude Dreyfus excelle avec
tout à la fois force et finesse. Du grand art.
caphi
"Le Mardi à Monoprix", d'Emmanuel Darley. Mise en scène : Michel Didym. Avec Jean-Claude Dreyfus. Théâtre ouvert, 4 bis, cité Véron, Paris 18e. Mº Blanche. Tél. : 01-42-55-55-50. Mardi, à 19 heures ; mercredi, jeudi, vendredi, à 20 heures ; samedi, à 16 heures et 20 heures. De 8 euros à 20 euros. Durée : 1 h 15. Jusqu'au 30 octobre 2010. Tournée du 4 novembre au 19 décembre 2010. Sur le Web : Theatreouvert.net.
[théâtre] « Le Mardi à Monoprix »
d’Emmanuel Darley avec Jean-Claude Dreyfus
"Je suis comme je suis. Telle quelle et voilà. Chaque mardi, Marie-Pierre s'occupe de son père. Elle passe la journée avec lui, fait son ménage, son repassage. Ensuite, ils vont à Monoprix.
Ils prennent des choses pour la semaine. Ils ont leurs petites habitudes. On les connaît ici. On les regarde. Elle est belle, Marie-Pierre. Elle est grande. On ne voit qu'elle. Tous les yeux sont
tournés vers elle quand elle fait les courses avec son père. Avant, Marie-Pierre, son nom c'était Jean-Pierre."
« Le Mardi à Monoprix » d’Emmanuel Darley - Mise en scène Michel Didym – création musicale Philippe Thibault – avec Jean-Claude Dreyfus et Philippe Thibault
(musique) - Pour tout savoir sur Jean-Claude Dreyfus : jeanclaudedreyfus.net.
extraits critiques
"Jean-Claude Dreyfus est Marie-Pierre jusqu'au bout des ongles peints, dans cette composition qui joue avec un plaisir gourmand et une jouissance brutale de tous les attributs d'une femme." [Jean Claude Dreyfus, travesti superstar dans "Le Mardi à Monoprix" par Brigitte Salino, Le Monde, 24.09.10]
Jean-Claude Dreyfus, bouleversante Marie-Pierre :
"Interprétation tout en délicatesse de Jean-Claude Dreyfus, comédien immense et d'une sensibilité qui, ici, peut s'exprimer avec tact, avec l'infinie profondeur de l'intelligence et de l'empathie
pour un personnage (...) Une subtilité profonde, une maîtrise du jeu, du texte, des nuances du texte, le grand, très grand Jean-Claude Dreyfus" [Armelle Héliot, Le
Figaro, 29 novembre 2009]
"Jean-Claude Dreyfus, tel(le) quel(le). Jean-Claude Dreyfus propose une
bouleversante composition en interprétant deux solitudes totales, définitives et sans retour. Le splendide texte, brutal et sans concession, d’Emmanuel Darley, sort transcendé par ce comédien
d’exception qui allie finesse et élégance comme personne. Coup de cœur !" [Franck Bortelle, CultureCie]
"Autant l’image d’un grand gaillard rasé de près et affublé d’une robe à fleurs prête à sourire et frôle le cliché, autant le propos, grave et subtil, touche au cœur du désespoir et de la
soumission de se savoir à jamais rejeté. Derrière la figure outrancière du travesti et du transsexuel, c’est la voix de tout exclu que l’on entend. Et derrière le personnage
autoritaire, acariâtre, presque méchant du père, c’est tout le racisme ordinaire qui se concentre (...) D’une grande sensibilité, la pièce évoque les blessures de tout vilain petit canard, en les
effleurant avec délicatesse et humour, comme pour ne pas les creuser encore plus (...) Jean-Claude Dreyfus, irrésistible interprète de Marie-Pierre, réussit à donner chair. Le grand et corpulent comédien devient léger,
presque éthéré, et trouve avec génie les gestes et le phrasé de cet ex-homme, qui semble se servir de l’autodérision et de la distance comme bouées de sauvetage" [Myrto Reiss, Au Poulailler]
"Jean-Claude , comédien d’exception, sait porter ce récit avec beaucoup d’élégance et de légèreté." [Ladies Room]
Bombe humaine (...) Le texte d'Emmanuel Darley, sur le fil de la tragédie et de l'ironie, est subtil et émouvant. La mise en scène de
Michel Dydim, éthérée et juste, évite tout larmoiement. Le jeu de lumière chatoyant d'Olivier Irthum transfigure les banales lueurs du quotidien en flashs intrigants - phares de
voiture, éclairages de grandes surfaces… -, jusqu'au rouge sang de l'agonie. Jean-Claude Dreyfus se glisse avec une sobre majesté dans la peau de son personnage - tour à tour léger
et grave, toujours retenu et digne. Flottant comme un dieu androgyne dans son purgatoire pour diva blessée, il insuffle à ce « Mardi à Monoprix » une grande bouffée
d'humanité désespérée." [Philippe Chevilley, Les
Echos]
Doux conte d’une femme drôle et digne. Le surprenant Jean-Claude Dreyfus nous emmène avec lui à la rencontre d’un
monde plein d’amour, d’humanité et de violente douceur (...) Jean-Claude Dreyfus est splendide dans ce rôle. Il est lui ou elle. Il est le père ou la fille (...) Bouleversant. Chaque mot du
texte a l’humour tendre d’Emmanuel Darley et déborde d’émotions grâce au talent de Jean-Claude Dreyfus, mais aussi grâce à la longue et belle complainte de la contrebasse d’où Philippe Thibault
tire un sanglot à chaque coup d’archet. (source :
Une soirée à Nancy)
EXTRAITS et INTERVIEW (Culturebox)
Au Jardin d'Hiver de Théâtre Ouvert il joue, accompagné du seul Philippe Thibault à la contrebasse, un personnage très bien écrit par Emmanuel Darley et mis en scène par Michel Didym.
Il y a dans ce texte d'Emmanuel Darley toute la puissance de la vérité. L'auteur de Un des malheurs ou encore de Quelqu'un manque, pour ne citer qu'un roman et une pièce de théâtre dans une oeuvre déjà très abondante, explique que c'est en observant "un petit monsieur d'un âge avancé" avec "une grande femme assez belle mais. D'une beauté étrange que l'on remarque de loin" qu'il a été "déclenché" à l'écriture. En devinant on ne sait quel silence entre eux, il a eu le désir d'écrire Le Mardi à Monoprix. Qui peut se résumer ainsi : "travesti ou transsexuel à faire tranquille avec papa des petites emplettes à Monoprix avec les chuchotis tout alentour l'enveloppant".
Rien d'autre que le récit de Marie-Pierre qui, chaque semaine, consacre un jour à son père. Revient dans la petite ville où elle a grandi...Jean-Pierre. La manière dont Emmanuel darley saisit ce destin est très subtile, puissante, intelligente. Le texte, né d'une commande de Jean-Michel Solloch du Théâtre d'O de Montpellier, a fait l'objet d'un premier travail, il y a quelque temps.
Michel Didym, qui le met en scène, assisté de Raynaldo Delattre, installe la protagoniste dans un enveloppement de rideau blanc, composé de franges qui laissent jouer les lumières d'Olivier Irthum, le blans, les taches de couleur de néon, la robe fleurie de Marie-Pierre, son chignon d'un blond si pâle qu'il en est gris perle, un peu de son, discret par Pascal Flamme et dans un coin de l'espace, côté jardin, le mince Philippe Thibault jouant une composition spécialement écrite pour le spectacle avec la finesse et l'attention qu'on lui connaît. Jamais dans la paraphrase, toujours dans la retenue et d'autant plus bouleversant.
L'essentiel, ici, est l'interprétation tout en délicatesse de Jean-Claude Dreyfus. Il est un comédien immense et d'une sensibilité qui, ici, peut s'exprimer avec tact, avec l'infinie profondeur de l'intelligence et de l'empathie pour un personnage. C'est fin, transparent comme une aile de libellule et dense comme un caillou sombre. C'est un travail superbe, qui ne refuse pas l'humour et donc le rire du spectateur. On ne perd pas une nervure du texte, on est bouleversé sans pathos excessif. C'est tenu. Digne. Douloureux et fier en même temps. Jean-Claude Dreyfus est un interprète remarquable...Ceux qui l'aiment depuis longtemps n'ont pas oublié la Ema von Scratch de la Grande Eugène...ni La Nonna de Roberto Cossi mise en scène par Jorge Lavelli à la Colline...Mais ici il s'agit d'autre chose. Pas de travestissement en fait : il s'agit d'être Marie-Pierre qui, autrefois, dans cette petite ville, a été connue comme Jean-Pierre...Et c'est cela qu'incarne, avec une subtilité profonde, une maîtrise du jeu, du texte, des nuances du texte, le grand, très grand Jean-Claude Dreyfus.
Jardin d'Hiver, mardi à 19h, mercredi au samedi à 20h, samedi en matinée à 16h. Représentations supplémentaires les lundis 7 et 14 décembre à 20h (01 42 55 55 50). Jusqu'au 19 décembre, puis une tournée suit : Théâtre Varia de Bruxelles les 22 et 23 décembre, Théâtre des Pays de Morlaix le 8 janvier, ATP/Epinal le 12 janvier, Ville/Pantin les 14, 15, 16 janvier.
Ce texte d'Emmanuel Darley est publié par Actes Sud-Papiers (9,50€).
lien de l'article : http://blog.lefigaro.fr/theatre/2009/11/jean-claude-dreyfus-bouleversa.html
Jean-Claude Dreyfus, tel(le) quel(le)
Jean-Claude Dreyfus propose une bouleversante composition en interprétant deux solitudes totales, définitives et sans retour. Le splendide texte, brutal et sans concession, d’Emmanuel
Darley, sort transcendé par ce comédien d’exception qui allie finesse et élégance comme personne. Coup de cœur !
[Franck Bortelle, CultureCie]
L’esquisse…
Marie-Pierre prend le train tous les mardis pour rendre visite à un homme vieillissant, veuf, acariâtre chez qui elle fait le ménage et le repassage avant de
l’accompagner au Monoprix du coin pour lui faire ses courses. Cet homme avait un fils, Jean-Pierre dont il aurait bien fait sa fierté. Hélas pour lui y’a un « truc qui a cloché » car
Jean-Pierre est devenue Marie-Pierre...
La critique de Franck Bortelle...
Jamais graveleux ni caricatural, le texte d’Emmanuel Darley puise dans l’anecdotique tout le suc de son propos, toute la
quintessence même de la souffrance de ces individus trop voyants pour être des femmes, trop féminins pour être des hommes. Et c’est en transcendant ce quotidien qu’il dresse un état des lieux
d’une bouleversante lucidité sur le monde des transsexuels dont il va décrire toute la solitude. Celle-là même qui se heurte à celle du père, dont la radinerie et le racisme passeraient
presque pour secondaires en regard de l’indifférence haineuse qu’il voue à son fils, devenu cette chose qu’il refuse de considérer comme sa fille.
Stratégies d’évitement à répétition du père et tentative de conciliation toujours avortée de la fille vont tisser le canevas de solitude de ce texte, qui ne verse jamais dans le
pathos, et force le détail pour mieux le rendre universel. Ainsi le miroir glacé dans lequel son double la regarde sans la juger, lui accordant un semblant d’existence le temps que la
caissière du Monop’ lui passe ses courses. Ainsi les œillades qui ne se contentent pas seulement de la dévisager car « Dévisager c’est juste le visage qu’on regarde ». Ainsi ce caissier qui
s’évertue à saluer le père et sa fille d’un « Bonjour Messieurs » alors qu’un simple « bonjour » moins poli pourtant suffirait.
Jean-Claude Dreyfus endosse ce rôle difficile, ce double rôle même puisqu’il va souvent faire parler le père, le faire vociférer sans pour autant le clouer au pilori. Faisant
ressortir cette double monstruosité (c’est un monstre pour la société mais c’est surtout un monstre de tendresse hélas pour personne) mais sans misérabilisme, le comédien ne va jamais verser
dans la caricature, se contentant de faire vivre cette femme pas vraiment comme les autres.
La mise en scène de Michel Didym, toute de grâce et d’élégance, que souligne une contrebasse qui ponctue sans les parasiter les éléments forts du texte, offre à Jean-Claude Dreyfus
d’utiliser non seulement son potentiel de jeu mais aussi de danse et de chant. Les déplacements, les gestuelles ont la précision des chorégraphies les plus abouties. Tout est parfaitement
maîtrisé dans ce ballet tragique qui fait pourtant sourdre quelques rires dans la salle. Mais c’est un rire qui s’excuse presque de se faire trop sonore car l’empathie que ce comédien génial
insuffle dans sa composition n’a rien de drôle. C’est juste bouleversant, comme peuvent l’être les numéros qui font naître juste ce qu’il faut d’émotion maîtrisée et sincère.
lien de l'article : http://www.culturecie.com/fr/rubrique-theatre/theatre-contemporain/info-critique5/article/mardi-a-monoprix-jean-claude-dreyfus-telle-quelle.html
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source : FROGGY'S DELIGHT, novembre 2009 Jean-Pierre, devenu Marie-Pierre, vient chaque mardi s'occuper de son vieux père, journée dont le point d'orgue est constitué par les courses faites en commun au Monoprix de quartier où tout le monde se connaît qui chaque fois tourne à la mortification. Alors bien sûr, dans "Le mardi à Monoprix", les thématiques de la différence et de l'exclusion au quotidien sont présentes dans le très beau et sensible texte de Emmanuel Darley. Mais surtout la souffrance d'un être hypersensible qui avance pas à pas, comme un funambule, sur le fil de son destin, pas assez fort pour rompre avec le passé, pas assez entouré pour ne pas sombrer dans la solitude, pas assez indifférent aux autres pour se forger un futur. Et pourtant, elle ne demande pas grand chose, Marie-Pierre : la simple reconnaissance de ce qu'elle est, ni invisible, ni bête curieuse. Un regard et quelques paroles de bienveillance. Mais la réalité est sans pitié : le regard du père qui l'ignore et l'évite, le regard des autres qui se gaussent. Pour la parole, un peu comme la chanson de Brel, "chez ces gens-là on parle pas" et quand le père, tyran domestique, ouvre la bouche, ce n'est que pour rabrouer, évacuer une bile d'orgueil sans doute blessé, lui qui est resté dans ce quartier où tout le monde sait, et lui jeter à la face l'incongruité de son travestissement tel "Tu fais ta petite bonne femme" alors qu'elle a une carrure de déménageur. Michel Didym a opté pour une mise en scène qui évite le néo-naturalisme et une dramaturgie à deux voix, celle du comédien et celle de la contrebasse de Philippe Thibault, auteur de la partition musicale exécutée en live, qui prend la forme d'une complainte qui scande la plainte oralisée qui commence comme un soupir de l'âme et un pleur du coeur pour, peu à peu, s'amplifier sans trouver aucune aspérité d'humanité à laquelle se raccrocher. Le comédien c'est Jean-Claude Dreyfus, acteur flamboyant qui dispose d'une palette de jeu à 180 degrés, capable de la pure folie comique (en diable hénaurme dans "Petit traite de manipulation à l'usage des honnêtes gens") à l'austérité expressionniste (avec la poésie de Rictus dans "Les soliloques du pauvre") en passant par le naturalisme de Valletti ("Réception").
Pour cette traversée en solitaire entre narration et soliloque, à l'écriture très élaborée et difficile, proche dans sa structure de
la langue classique, en robe fleurie et talons hauts, chignon bouclé, œil charbonneux et ongles rouge sang, il a le cœur en vrille et navigue toujours subtilement dans l'incarnation
entre les écueils de la caricature et du mélo populiste grâce à une gestuelle distanciée.. Il est magnifique.
PS : Ne pas oublier que cela peut se passer au coin de la
rue et que les autres c'est aussi nous.
lien de l'artice : www.froggydelight.com/article-7760-Le_Mardi_a_Monoprix.html |
Créé en France par Jean-Marc Bourg en 2006, Mardi à Monoprix a été traduit pour les escales de Corps de Textes en portugais et bulgare. Ces
traductions ont fait l’objet d’un work shop au Portugal, puis de lectures à Sofia. Un voyage au long cours pour un texte tout en retenue, qui se déguste comme un polar, joue la mise en
abîme, démultipliant les rapports jeu/regard, sous couvert de la trame simple de l’histoire d’une jeune femme et de son père dans une petite ville de province. (source : Corps de Textes)
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