[le billet de caphi] Les transidentitaires français, des "sans-papiers" dans leur propre pays !
"Il y a des sottises bien habillées, comme il y a des sots très bien vétus" Nicolas de Chamfort
[le billet de caphi] Les transidentitaires français, des "sans-papiers" dans leur propre pays !
Une population oubliée, rejetée, voire bannie de la vie sociale, des individus qu'on a marginalisés, une population (estimée entre 50 000 et 60 000 personnes en France) encore mal comprise car mal étudiée - quand des médias "racoleurs" ne les traitent pas à travers des cas sociaux qui n'ont rien à voir avec la majorité d'entre elles/eux - qui ne cherchent qu'à s'insérer normalement, a été mise en lumière le 17 mai dernier à l'occasion de la Journée Mondiale contre l'homophobie, la lesbophobie et... la transphobie.
Roselyne Bachelot, la ministre de la santé française et Bernard Kouchner, le ministre des affaires étrangères ont demandé, comme La France l'a fait en février dernier, que l'Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.) - qui redéfinit prochainement les normes cliniques - "dépsychiatrise" à son tour les personnes transidentaires appelées malproprement "transsexuel(le)s" (lire plus bas).
Pourtant, contrairement à celles d'autres pays européens (tel l'Espagne) et ailleurs dans le monde, la France ne s'est pas encore mise au diapason de l'évolution du droit des "minorités". Elle a pourtant été condamnée en 1992 par la Cour européenne des Droits de l'Homme pour son attitude envers les transgenres et le Commissaire Européen en charge des Droits de l'Homme a récemment rappelé cette injustice dans une directive qui fait date.
Leur situation pourraient être facilement réglée mais, en France tout particulièrement, cette situation anachronique perdure. Devant un employeur, des papiers en accord avec l'apparence vécue sont indispensables pour être pris(e)s au sérieux et ne pas être confondu(e)s avec des "travestis" avec qui on les assimile trop souvent, sans parler du rejet et des violences dont elles-ils sont victimes de la part de disciples religieux fondamentalistes.
En France, cette incongruité administrative ne permet donc pas aux personnes transidentitaires non opéré(e)s d'obtenir les documents adéquats - et dans un délai raisonnable - ce qui leur permettraient pourtant, au minimum, une meilleure "reconnaissance sociale" et donc une meilleure insertion.
Nous espérons, sans lui donner un blanc-seing, que les nouvelles déclarations de la ministre de la santé - obtenir des documents adéquates sans passer obligatoirement par le bistouri - soient suivies rapidement d'effet. Et pour cause : les transidentitaires français sont encore aujourd'hui des "sans-papiers" dans leur propre pays.
Caphi, 21 mai 2010
> lire plus bas "De la diversité..." (écrit ici il y a un an, le 19 avril 2009. Peu de changements depuis, sinon des intentions...)
> "Refusons la transphobie, respectons l'identité de genre !"
(l'APPEL paru dans le journal "Le Monde") sur mon blog "Différences", REFERENCE FRANCOPHONE sur la TRANSIDENTITE et l'INTERSEXUATION
* Débats, expositions, projections, concerts et réunions marquent la 6e Journée mondiale contre l'homophobie, axée cette
année sur les liens entre cette question et les religions (lire ma page
RV)
Un colloque avec des représentants des grands cultes et des associations gay s'est tenu le lundi 17 mai 2010 à l'Assemblée nationale.
A cette occasion, le LIVRE noir gris blanc de l'homophobie religieuse a été
présenté.
La France a annoncé lundi 17 mai 2010 son intention de demander à l'Organisation mondiale de
la santé de retirer le transsexualisme de la liste des maladies mentales, comme l'OMS l'avait fait pour l'homosexualité en 1990. Les ministères de la Santé et des Affaires étrangères ont écrit un message en ce sens à l'occasion de la
Journée internationale de lutte contre l'homophobie et la transphobie. "La lutte contre les violations des droits
de l'Homme fondées sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre est l'un des axes de la politique de la France en matière de droits de l'Homme", écrivent-ils. Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, et Roselyne Bachelot, ministre de la Santé et des Sports, "ont décidé de travailler ensemble pour porter
cette question devant l'Organisation mondiale de la Santé", ajoute-t-on. Le Comité Idaho (International day against
homophobia and trans), coordinateur de la Journée de lutte contre l'homophobie, salue dans un communiqué une
"annonce historique, qui invite le monde entier à changer son regard sur la transidentité".
réflexion : rappel de ce que j'écrivais ici il
y a un peu plus d'un an, le 19 avril 2009 : depuis, peu de changements à part des intentions...
[le coup de gueule de caphi] De la diversité
La diversité, c'est bien. Mais la diversité ne se limite pourtant pas seulement à la couleur de peau.
La diversité, c'est bien. Mais la diversité ne se limite pourtant pas seulement à la couleur de peau.
Il y a d'autres "minorités visibles" en France qui ne sont pas du tout représentées. Ou très mal : seulement dans des émissions de téléréalité ou dans les reportages sur les faits divers.
Cette "minorité visible" est pourtant la grande oubliée des politiques. Les médias en font pourtant de "la chair fraîche" pour faire de l'audience au détriment d'une véritable information.
Aujourd'hui discriminée, encore psychiatrisée (en raison du manque d'étude sérieuse), cette population ne fait pas réellement partie des préoccupations des responsables
politiques et médiatiques. Pourtant, la plupart de ces citoyen(ne)s, considéré(e)s comme de "seconde zone", souffrent
d'ostracisme, de discriminations, voire de violence.
Quand parlerera t-on de cette diversité-là qu'on préfère ne pas voir, sinon dans les cabarets ou les bois
périphériques mais qui permettent à certaines transsexuelles de survivre face à la précarité qu'on leur impose ?
Oui, les transsexuel(le)s sont aujourd'hui encore - tels ces "monstres" que l'on exhibaient dans des cirques au XIXe siècle pour faire frémir le badaud - des bêtes de
foire médiatiques qu'on préfère parquer et ignorer du regard des bonnes gens.
Car, dans notre bonne vieille France estampillée "patrie des droits de l'homme" - au contraire d'autres pays européens - ces personnes souffrent plus du regard - et surtout des difficultés d'insertion sociale - que de leur problème d'identité appélé "transsexualisme".
Qui s'en soucie ?
Caphi