17 Mai 2009
Manifestation contre la TRANSPHOBIE
à Paris (Beaubourg) le 16 mai 2009 - photos caphi
Journée internationale contre l'homophobie
Journée
mondiale contre l'homophobie et la transphobie
(le programme + interview vidéo de Louis-Georges Tin, son fondateur)
La lutte contre la transphobie est au cœur de l'édition
2009 de la Journée contre l'homophobie – qui est en fait une semaine. De très nombreux événements sont organisés un peu partout en France et dans le monde entier (expositions, débats,
projections de films, colloque, actions, etc.)
Paris jeudi 14 mai, à 19h30, débat sur l'Europe des droits LGBT, fut organisé par
Homosexualités et Socialisme (HES), au Musée
social.
Plus institutionnel, mais fort symboliquement, le Congrès mondial sur les droits de l'Homme, l'orientation
sexuelle et l'identité de genre s'est tenu ce vendredi 15 mai. Organisé par les gouvernements français, néerlandais et norvégien,
il a réunis des représentants de pays ayant signé la déclaration pour la dépénalisation de l'homosexualité et des activistes LGBT.
Discours de Robert Badinter contre l'homophobie (source : francediplotv)
le RAPPORT 2009 sur l'Homophobie : la France à la traîne"
Discriminations transphobes > A qui signaler les faits?
http://www.cncdh.fr/article.php3?id_article=336
http://www.halde.fr/Contact.html
Louis-Georges Tin attend de la France des actes pour lutter contre la transphobie
Comment se présente
l'édition 2009 de la Journée contre l'homophobie et la transphobie?
Je suis assez content qu'il y ait des actions importantes non seulement contre l'homophobie, mais particulièrement contre la transphobie cette année. Par exemple, le Parti
communiste organise un congrès sur ce thème le 25, un colloque à l'Assemblée nationale portera exclusivement sur la transphobie... C'est un sujet qui n'est pas évident, y compris
au sein de la communauté LGBT. Nous avons été heureux d'apprendre qu'une grande gay pride en France, celle de Lyon, a choisi cette année le mot d'ordre «Respectons la parole des
trans, pénalisons la transphobie». Et nous avons des actions qui continueront après le 17 mai, car il ne faut pas lâcher prise. Les mouvements se sont mobilisés mais la
reconnaissance politique et médiatique sur la question trans fait toujours défaut.
Vous avez senti des réticences au choix de la transphobie comme thème de cette année?
C'était très violent. La journaliste spécialiste des questions LGBT d'un
grand média public français m'a presque reproché d'avoir choisi ce sujet, car, m'a-t-elle raconté, «quand j'en ai parlé en conférence de rédaction, tout le monde a ri. Je peux
parler d'homophobie, mais si je parle de transphobie, cela va tuer mon papier.» Je lui ai répondu que pendant ce temps, la transphobie tue les transsexuels. Cette attitude
d'indifférence relative, on la retrouve également dans le monde politique. Il faut encore mettre l'accent sur les violences transphobes. On en est aujourd'hui pour les
meurtres transphobes là où on en était il y a quinze ans pour les meurtres homophobes : ce sont des faits divers non référencés, obscurs, sans mobilisation, les victimes
mourraient et les témoins restaient dans la peur.
Vous dites que la France reconnaît officiellement la Journée contre l'homophobie, pourtant il n'y a eu aucun décret, aucune loi, aucune déclaration en ce sens du Président
de la République...
Je dis cela car Rama Yade s'est prononcée en ce sens au nom du gouvernement, donc cela me suffit. Il est vrai qu'en Belgique ou au
Luxembourg, la décision a été prise à l'Assemblée, au Costa Rica par le président de la République lui-même, ailleurs par décret...Ceci dit, l'ensemble du gouvernement est en
décalage par rapport à la secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme, sur ces actions. Nous avons encore à mobiliser tous les autres ministères qui pour l'instant se défaussent sur
Rama Yade. J'attends notamment un engagement de Roselyne Bachelot contre le classement de la transsexualité dans la liste des maladies mentales de l'OMS.
L'homophobie en France, en 2009, qu'est-ce que c'est ?
C'est encore principalement la stigmatisation. Pour des jeunes qui se découvrent homosexuels, cela
reste problématique: ils ont un sentiment de honte, souffrent parfois d'un rejet de la part de leurs camarades, de l'école ou de leur famille. Cela reste très fort, et les
améliorations réelles (le pacs, la Halde...) n'ont pas complètement changé la donne. C'est pourquoi nous aurions voulu des mesures supplémentaires. Nous attendons encore du
ministère de la Santé une campagne sur la question du suicide des jeunes, qui est, paraît-il, en préparation. Je demande à voir. L'enquête de SOS homophobie montre bien qu'il
subsiste des problèmes. Pire: au moins un tiers des jeunes qui se découvrent trans a fait une tentative de suicide, selon l'enquête d'Homosexualités et socialisme et du Mag.
S'il fallait résumer le travail à accomplir en 2009 ?
Il faut faire pour la lutte contre la transphobie ce qu'on a fait depuis quinze ans en France sur la
lutte contre l'homophobie. Il reste beaucoup à faire pour mettre à égalité la lutte contre l'homophobie et la transphobie. D'autant plus que le mouvement gay a une dette vis-à-vis
du mouvement trans, car les transsexuels, transgenres, travestis et autres ont beaucoup contribué à nos mouvements depuis Stonewall, à New York en 1969, et au Fhar en France par
la suite. Cette dynamique que le mouvement trans a apportée au mouvement LGBT n'a pas toujours été reconnue. Les LGB doivent reconnaître l'apport des T!
Propos recueillis par Paul Parant. Photo: Alfredo Piola.
Le fondateur de la Journée mondiale contre l'homophobie explique pourquoi les trans' sont parmi "les plus
précarisés dans la communauté LGBT".
Louis-Georges Tin, fondateur en 2005 de la Journée mondiale contre l'homophobie
(Idaho), qui a lieu ce 17 mai prochain, revient dans l'interview vidéo qu'il a accordée à Yagg sur les objectifs de cet événement. Cette année, le thème est la lutte contre la transphobie. Louis-Georges explique pourquoi les trans' sont
parmi "les plus précarisés dans la communauté LGBT" et en appelle au gouvernement pour que des gestes concrets soient accomplis. Christophe Martet
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vidéo (5 minutes)