6 Juin 2013
« J’ai 53 ans, je suis un cas d’école », amorce Camille Bernard. Une transsexuelle qui n’a pas grand-chose à cacher, hormis son prénom de garçon dans une autre vie, huitième enfant d’une famille « bourgeoise et catholique » du XVIe arrondissement parisien.
Administratrice au Planning familial de Montpellier où elle a mis en place une cellule d’écoute et propose des formations aux travailleurs médicaux et sociaux sur les questions de transidentité, Camille Bernard raconte son histoire dans le film Next station nana, et sur internet (1). Adjointe au maire d’un petit village de l’arrière pays héraultais où elle tient une chambre d’hôtes, très investie dans le milieu associatif, Camille Bernard a choisi de faire sa « transition au grand jour ».
Après des années à se cacher. « J’ai vécu depuis ma toute petite enfance avec un gros point d’interrogation. Je ne peux pas dire qu’à cinq ans, je savais que je voulais être une fille. Mais une pulsion me poussait à chiper les affaires de mes sœurs. J’ai compris très tôt que ce n’était pas socialement correct, un instinct de survie a fait que j’ai appris à dissimuler », raconte Camille, qui a vécu dans « la crainte permanente d’être découverte ».
Elle tombe amoureuse, se marie, une première fois, « croit que c’est fini ». « C’est revenu quelques mois plus tard. » « L’amour, pour moi, c’est être dans la confiance. Je n’ai rien caché à mes compagnes. Sexuellement, ce n’était pas extrêmement probant. Je n’ai jamais eu de relation homosexuelle parce que j’étais formatée pour avoir des relations avec les femmes. Mais physiquement, c’était le no man’s land. Je n’étais pas un foudre de guerre, j’y arrivais en me faisant un cinéma fantasmagorique où j’étais la femme. »
Ce qu’elle est officiellement depuis un jugement du tribunal de grande instance, en 2007. Un an plus tôt, Camille, pourtant remariée, a été opérée en Thaïlande, « l’eldorado pour ce type d’interventions ». « Le réveil à l’hôtel, cinq jours après l’opération », reste une grande émotion.
Comme « la première fois que j’ai fait l’amour avec un homme », et le souvenir du « premier homme qui m’a vue comme une femme sans connaître mon passé ».
Camille, toujours mariée, est restée « la meilleure amie » de son épouse. « Chacune vit sa vie. Je suis la même personne parce que mon ressenti au monde a toujours été différent. Qu’est-ce qu’un homme ? Qu’est-ce qu’une femme ? Chacun a cette double polarité, et on essaie de se dém… avec. »
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