L'article en question met l’association VELA très en colère. Lire plus bas leur communiqué de presse : « UN SUIVI RIGOUREUX POUR LES TRANS » .
Egalement, vous trouverez à la suite de ce "coup de gueule", une tribune de Maud-Yeuse Thomas : "Evénement sur la planète transidentitaire ?"
Et enfin, le témoignage de Philippe, Trans FtM (homme vers femme) quelques jours après son opération à Nice : "Une vie au féminin masculin" dans Corse-Matin (10 janvier 2010)
Deux transsexuels ont été opérés hier à Nice. Les interventions ont été retransmises dans le monde entier et suivies par plus de 700 médecins. (source : Nice-Matin, samedi 28 novembre 2009)


Hypothèses incertaines
La fin médiatisée d'un imbroglio judico-médico-chirurgical, qui plaçait encore récemment la France au ban de la communauté européenne. « Fini le bricolage, les opérations réalisées sans vrai cadre juridique... La décision de Roselyne Bachelot, en mai dernier, de sortir la transsexualité du champ des maladies psychiatriques pour la classer parmi les maladies rares, résonne pour nous comme un signal fort. Enfin, on va enfin pouvoir régler de façon médicale et rigoureuse les changements de sexe », explique l'équipe pluridisciplinaire qui intervenait hier. Une prise en charge complexe, pour un trouble qui l'est tout autant. Et qui ne trouve à ce jour aucune explication somatique.
Pourquoi un enfant, né pleinement fille ou garçon, se vit-il comme étant du sexe opposé, en rejetant ses attributs, « au point de se laver dans le noir, de se bander les seins, ou de scotcher son sexe », comme le rapportent les témoins.
Certaines hypothèses commencent à émerger, génétiques, mais surtout en rapport avec la configuration familiale. Aucune à ce jour n'est vérifiée, et c'est d'une voix presque unanime que les experts présentent la médecine et la chirurgie comme les seules réponses disponibles. « Les transsexuels n'hésitent pas, pour se libérer de leur corps de naissance, à s'automédiquer en commandant sur internet des hormones, issues parfois de produits vétérinaires. D'autres choisissent d'aller se faire opérer à l'étranger. Là où l'on est beaucoup moins regardant sur les motivations. "L'aventure" coûte évidemment beaucoup plus cher. Pour se payer une nouvelle identité, certains n'hésitent pas à recourir à la prostitution. »
Depuis hier, Nice dispose d'un centre agréé pour opérer en toute visibilité et lisibilité les transsexuels.
Une étape décisive qui marque le point final d'une histoire entamée des décennies plus tôt par une prise en charge globale, psychologique bien sûr, mais aussi hormonale.
Parcours du combattant
Et pour le patient, un parcours du combattant qui laisse des stigmates plus ou moins visibles et impose une surveillance à vie : « La prise d'anti-hormones, puis d'hormones, entraîne des désordres métaboliques importants : diabète, hypercholestérolémie, hypertension... », explique une endocrinologue du CHU. « Mon médecin m'avait mis en garde : "Avec ce type de traitement, votre espérance de vie est réduite de 15 ans". Je lui ai répondu : " Si vous refusez de me soigner, je me ferai opérer par le premier "boucher" du coin. Ou je ne serai plus de ce monde », raconte Philippe. à ce moment-là, il avait probablement en tête le souvenir de ces gens qui s'écartaient sur son passage, comme s'il avait la peste.
C'était lorsqu'il était encore un être hybride, une "erreur" de la nature.
La suite du dossier dans Nice-Matin du samedi 28 novembre 2009 ou dans le journal en ligne.
lien de l'article : www.nicematin.com/ra/cotedazur/224497/nice-changements-de-sexe-en-retransmission-mondiale#comments

Seules quelques rares personnes connaissent l'identité féminine originelle de Philippe. « J'ai détruit toutes les photos où je figure en fille », témoigne-t-il.
Il y a cinq semaines, Philippe bénéficiait d'une intervention chirurgicale qui achevait sa transformation de femme en homme. Chronique d'une vie en deux morceaux.
Son cadeau de Noël, Philippe(1) ne le découvrira que le 12 janvier. C'est en effet ce jour-là que son médecin lui expliquera comment faire fonctionner la prothèse pénienne qui lui a été posée en novembre, à l'hôpital Pasteur de Nice. L'intervention, filmée et retransmise en direct dans plusieurs pays, trouvait un large écho médiatique
(voir notre édition du 28 novembre 2009)
. Pas de quoi impressionner Philippe qui, quelques jours après l'opération, reprenait le travail.
« Bien sûr, je souhaite que tout se passe bien pour enfin connaître le plaisir de la pénétration... Mais, ni ma femme, ni moi ne sommes impatients. Nous nous sommes passés de ça pendant 29 ans... L'essentiel n'est pas là ! »
L'essentiel est ailleurs, dans cette transformation physique qui a mis des années à s'accomplir.
Une erreur de la nature
Philippe a deux vies : une vie passée de femme, courte et tourmentée ; la vie actuelle d'un homme, marié et papa « de coeur » - son épouse a deux enfants qu'il a élevés. Cette dernière le lui a fait promettre : c'est la dernière fois qu'il s'exprimera dans les médias. Envie de tourner la page sur des années d'humiliations, d'insultes, de douleurs, d'errance... Lui ne pense pas qu'il soit jamais possible de tourner la page : « La transsexualité, je la considère comme une sale maladie, une erreur de la nature dont on ne se débarrasse jamais, même après s'être fait opérer. Tous les matins, devant ma glace, j'ai la confirmation qu'il y a quelque chose d'anormal chez moi... Après, je m'habille, j'oublie... jusqu'au lendemain matin. »
Si Philippe juge que le traitement de la transsexualité dans les médias est nécessaire, pour que cessent les rumeurs les plus « nauséabondes » autour d'elle, il avoue craindre néanmoins certains effets délétères de cette mise en lumière : « Il ne faut pas que ça favorise certaines dérives, et surtout les tentations trop hâtives de se faire opérer... C'est trop grave. La transformation chirurgicale est un processus irréversible, ses conséquences sont lourdes... Je connais des personnes qui se sont tournées vers l'étranger pour se faire opérer, en court-circuitant le passage, obligé en France, par une évaluation psychiatrique de plusieurs années... Certaines d'entre elles se sont malheureusement donné la mort par la suite, incapables d'assumer leur transformation. »
La mort, Philippe l'a lui aussi recherchée, lorsqu'il ne trouvait plus la force de continuer de vivre dans sa dualité. Elle s'est heureusement refusée à lui. Et c'est pleinement vivant qu'il envisage aujourd'hui l'avenir auprès de celle qui l'a aidé à franchir toutes ces étapes difficiles. « Je ne crois pas qu'un jour, je briserai la chaîne qui me relie à mon passé. Mais elle ne m'empêche plus d'avancer ».
ncattan@nicematin.fr)
(1 Le prénom a été modifié