26 Octobre 2014
L’Australie, l’Allemagne ou encore l’Inde permettent désormais de se déclarer de genre neutre – ni homme ni femme – sur les documents officiels. Tandis qu’en Polynésie ou chez les Amérindiens, les transgenres ont toute leur place dans la vie sociale. Le point sur ce «3e genre» qui bouscule notre conception binaire des sexes.
https://lejournal.cnrs.fr/articles/rencontres-du-troisieme-genre (octobre 2014)
L'Allemagne, premier pays européen à reconnaître le "troisième genre"
L'Allemagne est, depuis le 1er novembre 2013, le premier pays européen, autorisant les parents à inscrire un sexe "indéterminé" sur les certificats de naissance de leurs nourrissons, comme le rapporte The Guardian, citant le Süddeutsche Zeitung. Cette nouveauté concerne les enfants nés en Allemagne intersexués ; c'est-à-dire ceux dont les caractéristiques physiques suffisamment ambiguës ne permettent pas d'établir un genre déterminé.
(Le HuffPost | 19/08/2013)
L'Allemagne, reconnaissait déjà légalement les transsexuels ; à savoir les individus appartenant déjà à un genre biologique identifié, mais ayant le sentiment d'appartenir à l'autre sexe. Elle fait donc un pas en direction des hermaphrodites. Car jusque-là, ces derniers étaient dans l'obligation d'être identifiés comme étant de sexe masculin ou féminin.
Mais depuis novembre 2013, chaque individu dont le sexe est "indéterminé" a la possibilité, tout au long de sa vie, de modifier son identité sexuelle sur son certificat de naissance, s'il décide de devenir homme ou femme.
Cette décision a été prise par Berlin à la suite d'une recommandation faite par la Cour constitutionnelle, d'après qui la reconnaissance du genre "ressenti et vécu" doit être un droit personnel et humain.
En Europe, cette ambiguïté sexuelle concernerait un nouveau-né sur 5000, dont 200 par an en France. Elle résulte d'une maladie des surrénales, qui fabriquent alors plus d'androgènes qu'elles ne devraient. En conséquence, les embryons féminins se retrouvent virilisés.
Pour accéder à une sexualité déterminée et non plus ambiguë, il est en général nécessaire de subir une à plusieurs opérations. Réalisées peu après la naissance, celles-ci sont dénoncées par les associations de défense des droits des intersexués, qui plaident pour que ces interventions soient réalisées à un âge plus avancé pour que le patient puisse décider de lui-même.
lien : http://www.huffingtonpost.fr/2013/08/19/allemagne-troisieme-genre_n_3779879.html?utm_hp_ref=france
Communiqué de l'OII Francophonie (Organisation Internationale des Intersexes ● Francophonie)
Supposée reconnaissance d’un troisième sexe par l’État allemand : des risques à considérer
admin — 20 août 2013.
Ces derniers jours plusieurs journaux européens publient des articles titrés : Allemagne, premier pays européen à reconnaître un troisième genre.
L’Organisation Internationale Intersexe Francophonie joint sa voix à celles de l’OII-Allemagne et de l’OII-Europe et tient à apporter d’importantes précisions au sujet de ces articles mal documentés et pour le moins erronés !
Cette nouvelle loi allemande ne consiste en aucun cas en la création d’un troisième genre ni en une reconnaissance quelconque des droits humains des personnes intersexes au respect de leur intégrité physique ainsi que de leur auto-détermination.
Cette loi indique plutôt que les enfants considérés par les médecins comme non proprement «garçons» ou «filles» ne peuvent être classés comme tels dans le registre des naissances. Il ne s’agit donc pas d’une création d’un troisième genre au sein du statut civil, mais bien d’une pratique instaurant une mise «hors sexes» de certaines personnes, et ce d’après le seul jugement des médecins qui conservent leur autorité en matière d’assignation des sexes. Malgré le fait que des enfants aient des corps différents dont les traits sexués sont distincts de quelconque problème de santé, le milieu médical impliqué dans leur prise en charge persiste à les décrire comme des maladies, des anomalies, des désordres ou des troubles. L’angle négatif sous lequel les médecins annoncent l’intersexualité des enfants à leur parents, l’autorité dont ils jouissent en matière de désignation du sain et du malsain, ainsi que la possibilité dont ils disposent toujours de les assigner par la chirurgie et l’hormonothérapie exercent déjà conjointement une vive pression sur les parents pour qu’ils acceptent le bris de l’intégrité physique de leur enfant. Dans un contexte où les droits humains des personnes intersexes ne sont pas reconnus, semblable loi ne mène qu’à une mise hors-statut pour une période de temps indéfinie, ce qui a pour effet d’accentuer la pression à la normalisation des corps des enfants intersexes.
Cette mesure de non inscription du sexe à l’état civil existe déjà dans de nombreux pays, pour des périodes de temps définies. Pour la France, il s’agit d’une période de deux ans à l’issue de laquelle une détermination doit être effectuée. De fait, cette absence de statut sexuel de l’enfant n’a pas mené à un abandon ou un relâchement des pratiques mutilantes, mais bien à leur poursuite. Les médecins ont souvent mobilisé l’argument de l’impossibilité de l’acceptation sociale et du développement positif des enfants intersexes auprès des parents pour qu’ils acceptent leur normalisation non-consensuelle.
Cependant il existe des alternatives comme celle choisie par la Suisse qui a fait le choix de ne plus mutiler les enfants intersexués et de reconnaître leur auto-détermination. Il n’est possible de procéder aux opérations que si et quand l’enfant le demande, et ce lorsqu’il est en age de le formuler. En attendant, l’enfant est déclaré dans le sexe le plus probable à l’état civil et des mesures sont prises pour qu’il puisse changer de sexe administratif facilement s’il le demande.
Lire les explications du journal Le Monde : Masculin-féminin : cinq idées reçues sur les études de genre
Ni homme, ni femme: enquête sur l'intersexuation (DOSSIER et LIENS)