2009, ANNÉE POLITIQUE
Dans ce monde régi par la compétition de chacunE avec touTEs, il y a «nous », séropos sacrifiéEs pour
l'intérêt de l'industrie pharmaceutique, intersexes mutiléEs, transpédébigouines, psychiatriséEs, harceléEs, insultéEs, menacéEs, humiliéEs, stigmatiséEs, violéEs, torturéEs,
penduEs, assassinéEs. En un mot : oppriméEs, parce que transpédébigouines, séropos et intersexes.
Nous ne quémandons ni tolérance ni indifférence. Nous exigeons l'égalité absolue entre les sexes, entre les
genres, entre les orientations sexuelles : nous nous battons pour un monde débarrassé du patriarcat. Nous exigeons l'égalité absolue entre touTEs : nous nous battons pour un
monde débarrassé du
capitalisme et des
nationalismes.
UNE COMMUNAUTÉ ABSENTE
Nous,
transpédébigouines, un jour, avons refusé d'être à la solde de désirs qui n'étaient pas les nôtres, avons refusé de nous consacrer à une vie qui était dessinée par d'autres. Nous
avons déserté l'évidence
hétérosexuelle.
Cette désertion, ce refus, devraient faire de nous des individus plus libres, prêts à en découdre avec tout ce qui apparaît comme « naturel », «logique », « normal ». Nous l'avons vécu physiquement
: derrière la normalité se cache toujours un flic pour nous rappeler ce qu'est la volatile normalité. Nous avons désobéï à ce flic. Cela devrait donc faire de nous des individus prompts à la
résistance. Il n'en est rien : pas de mécanique huilée, pas de logique automatique.
Transpédébigouines, notre communauté est une coquille vide, un artifice médiatique pour effrayer la vieille France papiste ou les Républicains paranoïaques. Notre « communauté » est absente
lorsque des sans-papiers pédés risquent l'expulsion, absente lorsque le Vatican crache sa haine, absente lorsque Bachelot parade à Pékin pour les JO tandis qu'on parle SIDA à Mexico, absente
lorsqu'on inaugure la scélérate franchise médicale, absente quand la droite délire sur l'homoparentalité, absente quand à Moscou, en Iran, en Pologne etc on interdit des Prides et emprisonne des
transpédébigouines.
Notre solidarité est aujourd'hui une fiction. Quelques-unEs, quelques assocs, quelques groupes maintiennent comme elles peuvent l'illusion d'une communauté mobilisée, sur le qui-vive, fièrement
acharnéEs à poursuivre un héritage de luttes. Tout cela ne nous rend ni tristes ni dépriméEs. Juste impatientEs : notre « communauté » n'a pas encore ou n'a plus de présent, elle doit redevenir un
projet.
1, 2, 3 STONEWALL ?
Notre communauté est, aujourd'hui, assignée dans le passé, embaumée. Il est de bon ton de se draper dans les habits trop grands de
Stonewall. Stonewall est folklorique, Stonewall, notre
nouveau culte. On commémore,
on ne tardera d'ailleurs pas à exiger des monuments : tout est bon pour glorifier un passé mythique et déserter le présent et ses enjeux.
Il ne s'agit pas de refuser
Stonewall, au contraire, mais de se méfier de notre histoire lorsqu'elle ne se conjugue qu'au passé. Bien sûr, si
Stonewall signifie le refus définitif
et déterminé de l'oppression, si
Stonewall signifie, toujours, talons aiguilles à la main, très concrètement, le refus des polices et des humiliations, alors oui, un nouveau
Stonewall est une nécessité. On ferait d'ailleurs mieux de se préparer à son imminence plutôt que de célébrer, narcissiquement, une lutte à laquelle nous n'avons pas pris part. Nos
hommages nous les rendrons dans la rue, inspiréEs par ce qui nous a précédé, mais dans la situation neuve qui est la nôtre.
NOTRE HISTOIRE N'EST PAS FINIE
L'histoire se poursuit, bon an mal an. Nous la subissons aujourd'hui, plus que nous la fabriquons. Il n'empêche : de-ci de-là des signes nous encouragent. Il se pourrait bien que très prochainement
celles et ceux qui n'ont vraiment rien d'autre à perdre que leurs chaînes se mettent de nouveau à faire de la politique, à arracher la politique à ceux qui la réservent à la gestion des intérêts
marchands, à la propriété des dominants, et exigent ce qui leur est dû : l'égalité.
Notre histoire n'est pas finie. Ce que nous appelons politique, c'est ça : lorsque les oppriméEs se mettent à construire leur histoire. Nous
l'avons fait, individuellement, en sortant du placard. Nous l'expérimentons, petitement mais joyeusement, à quelques-unEs, ici, à Strasbourg, à
TaPaGeS, dans nos vies amoureuses, dans nos
vies sexuelles, dans nos amitiés politiques et nos échanges.
Il nous tarde de le faire, collectivement, à grande échelle.
Nous n'attendons aucun miracle. Nous commençons donc à construire, patiemment, déterminéEs, en colère et heureuSEs. Et de cet acharnement à
contre-courant, de notre fidélité à quelques principes, de notre militantisme joyeux, de nos espérances inaltérables, de tout cela dont on voudrait nous faire honte, nous sommes fierEs.
TaPaGeS,
TransPédéGouines de Strasbourg, le 12 juin 2009
www.tapages67.org
[RDV] TaPaGeS
(TransPédéGouines de Strasbourg) participera ce samedi 13 juin 2009 aux côtés de La Lune, d'OtR (Over the Rainbow), et de STS
(Support Transgenre Strasbourg), dans notre désormais rituel pink bloc, à la Marche de la Visibilité homosexuelle, bisexuelle et transgenre de
Strasbourg. Le mot d'ordre décidé par les organisateurs de la Marche est cette année : "Ensemble, se souvenir pour mieux
agir. 1969 Stonewall ; 2009 Strasbourg". Départ à 14 h place de l'Université.
précédemment (en 2008)
[FOCUS] TAPAGES, une association strasbourgeoise qui ne mâche pas ses maux
Juin, c'est le temps des
copains et copines, des manifs et ses revendications. Avant Paris, le samedi 28 juin prochain, les Marches des Fiertés ont commencé à battre le pavé en Province.
A Strasbourg par exemple où une association très active occupe le terrain.
Voici en texte et en images les dernières revendications des Trans' alsaciennes et "fières de l'être" :
Communiqué
Plus de 70 personnes ont manifesté avec TaPaGeS (TransPédéGouines de Strasbourg), OtR (Over the Rainbow) et STS (Support Transgenre Strasbourg) ce samedi 14 juin à l'occasion de la 7ème Marche de
la Visibilité Homosexuelle, Bisexuelle et Transgenre de Strasbourg.
Le mot d'ordre choisi cette année par les organisateurs de la Marche était : « Ados Trans Homos, du mal-être au suicide : AGISSONS ! »
Notre pink-black-red block (notre arc-en-ciel à nous) affirmait : «
Nous ne voulons pas d'un monde plus « tolérant », nous voulons un
monde différent »
Tract diffusé lors de la Marche et photos : http://tapages67.org/_pages/actions/act_20080614.html
TaPaGeS - TransPédéGouines de Strasbourg
Les autres photos sur le site : www.tapages67.org