17 Septembre 2008
Pour son premier long métrage, la réalisatrice Lucía Puenzo choisit le thème de l’hermaphrodisme, la recherche de l’identité sexuelle, mais aussi et surtout de soi-même. Se présentant comme une
réflexion sur la différence et le regard des autres, XXY ne cesse de jouer sur les parallèles et les oppositions qui existent entre le devenir de ces deux familles. Elle, Alex, jeune
hermaphrodite et lui, Alvaro qui doute en raison de son homosexualité. Chacun d’eux cherche à couper les ponts avec l’enfance et à choisir ce qu’il doit devenir. Cette quête, ils l’effectuent
ensemble se complétant dans leurs différences et cherchant l’un dans l’autre à repousser ce choix inéluctable.
Les couleurs froides omniprésentes accentuant ce contraste entre amour et oppression du milieu, ces adultes qui semblent étrangers au ressentiment de leurs enfants... tout tend à rendre le sujet intemporel voire universel. Car en effet, au-delà de l’hermaphrodisme, XXY est le film de la recherche de ses sentiments et de son identité au moment de l’adolescence.
Alex, une adolescente de 15 ans, porte un lourd secret. Peu après sa naissance, ses parents ont décidé de quitter Buenos Aires pour aller s'installer sur la
côte uruguayenne, dans une maison en bois perdue dans les dunes.
C'est là qu'un couple d'amis venus de Buenos Aires vient leur rendre visite accompagnés d'Álvaro, leur fils de 16 ans. Le père, un spécialiste en chirurgie esthétique, a accepté l'invitation en raison de l'intérêt médical qu'il porte à Alex. Une attirance inéluctable naît entre les deux ados qui va tous
les obliger à affronter leurs peurs...
Des rumeurs se répandent dans la ville. On commence à dévisager Alex comme si c'était un monstre. La fascination qu'elle exerce risque désormais de devenir dangereuse.
Bonus DVD :
- interview de Lucia
Puenzo et des acteurs principaux
- images du Festival de Cannes 2007
- bande annonce
Tous les horaires et salles pour "XXY"
La pudeur domine 'XXY' qui traite de son sujet principal sans jamais le nommer : l'hermaphrodie, sujet qu’avait déjà abordé le très beau roman de Jeffrey Eugenides, 'Middlesex'. Prendre le risque de traiter un tel thème exige surtout de ne défaillir sur aucun des autres éléments du film. Et c'est le cas ici : une mise en scène d'une grande finesse s'invite dans cette maison en bois, quelque part en Uruguay. Lucia Puenzo signe une mise en scène épurée et d'une grande finesse, mettant en valeur la force de la nature - vent, mer, forêt, pluie, animaux marins étudiés par le père de la jeune hermaphrodite. Comme une métaphore pour expliquer que ce que la nature a fait, l'homme ne peut le défaire. Cette mère Nature, qui a fait d’Alex, quinze ans, un "monstre", dit-elle. Les acteurs font également preuve de justesse et de sensibilité : la jeune Ines Efron dans le rôle d'Alex, dont la quête d'identité ne fait que commencer. Ricardo Darin joue le père déboussolé dont l'amour se révèle à la hauteur de la situation. Seul regret du film, le personnage d'Alvaro, dont tombe amoureuse la jeune Alex, catalyseur du drame qui se joue sous ses yeux mais inexistant. Si l'histoire d'amour avec Alvaro ne fonctionne pas, le reste du propos se révèle extrêmement sensible avec une mise en scène vierge de tout mélodrame grandiloquent, les protagonistes étant filmés avec poésie pour n'en garder que l'essentiel. Le film traite par ailleurs plus généralement de la quête d'identité de tous les adolescents, à un âge où leur corps leur devient étranger. C'est tout le talent de ce film qui part d'une exception de la nature pour évoquer une quête identitaire universelle.
source : EVENE
> Pour en savoir plus sur cette oeuvre > lire ma lettre des Différences du 23 décembre 2007 (à l'occasion de sa sortie en salles)