12 Novembre 2007
sommaire
[les dits tôts de caphi] Être
trans
[vécu]
Paroles de trans
[étude] Transsexuels : à gauche toute !
[cinéma] Le festival de films gays & lesbiens de
Paris : un festival de tous les genres ?
[théâtre] "Regarde maman, je danse" de Vanessa Van Durme et
Frank Van Laeke
[musique] Sous la perruque, un
génie
[livres] Mademoiselle Rosette, « fille imaginaire » / Homme ou femme ? - La confusion des sexes de Fernande Gontier
[sur les blogs] "Queeriosités"
[les dits tôts de caphi] Être trans
Etre trans, ce n'est pas pour être une bête de foire en s'exhibant sous les sun-lights
des caméras de télévisions voyeuristes ou dans de glauques cabarets.
Être trans, c'est vivre au grand jour l'identité que l'on ressent au fond de soi sans chercher à attirer les regards libidineux.
Être trans, c'est choisir de vivre en toute liberté sa vie personnelle, familiale et professionnelle. Comme tout un
chacun.
Être trans, c'est "être". Tout simplement.
caphi
À l'occasion de la Marche des transsexuels, ils sont quatre à prendre la parole pour expliquer leurs préoccupations.
La Marche des transidentités, qui s'est tenue en France et en Espagne les 6 et 7 octobre, est
fédératrice : les luttes convergent contre la psychiatrisation des transidentités et la dépathologisation des intersexes. À cette occasion, ils sont quatre
à prendre la parole pour expliquer leurs préoccupations dans cette lutte qui concerne leur vie quotidienne.
Contre la stigmatisation des transidentités : «Ce qui fait souffrir, ce n'est pas
d'être trans mais plutôt d'être stigmatisé socialement en tant que trans. Nous sommes sans-papiers puisque notre apparence ne correspond pas au genre indiqué sur nos papiers
officiels. Or, cela revient aux équipes médicales officielles de prendre des décisions sur nos situations sans connaître la réalité de notre quotidien. Pour suivre le parcours
officiel et changer de genre, on doit prétendre "souffrir de dysphorie de genre". Il faut arrêter de nous victimiser à travers ce statut: c'est une stigmatisation que l'on
refuse.» Ali, 26 ans, Lyon.
Sida et discriminations: «30% des femmes transsexuelles seraient séropositives,
pourtant il n'y a ni dénombrement, ni étude épidémiologique sur les conséquences des rétroviraux qui obligent à réajuster le traitement hormonal. En plus de cette invisibilité,
il y a des discriminations dans la communauté LGBT elle-même, avec des répercussions sur les prises de risques face au sida: les trans homos ne sont pas acceptés par
les autres homos. Le propre d'une personne discriminée est de discriminer les autres... C'est tristement humain.» Hélène Hazera, Paris.
Discrimination légitimée par l'État: «La pire des discriminations, c'est celle
qui est reconnue par l'État. On en a assez avec la dysphorie de genre qui est légitimée par l'État. Il faut traiter le mal par la racine: les discriminations sont à la base même des
systèmes médicaux et politiques. Maintenant, c'est aux médecins et politiques de se positionner contre cette injustice. C'était la première manifestation des transidentités en
Espagne, les gens commencent à comprendre que cette lutte ne touche pas uniquement les trans.» Miguel, 20 ans, Barcelone.
Un mouvement international: «Le mouvement contre la psychiatrisation des trans
devient européen. C'est le moment de commencer le combat, car en Espagne, on se sent seul: depuis l'acceptation de la loi de mars 2007, les activistes trans se sont endormis.
Certains sont satisfaits, nous non! Beaucoup d'Espagnols sont surpris d'apprendre que la transsexualité est encore considérée comme une maladie. Ils sont solidaires et
nous soutiennent dans notre combat contre la dysphorie de genre.» Laia, 23 ans, Barcelone.
Photos Charlotte Bourgeois.
Charlotte Bourgeois, 2007-10-08, tetu.com
[étude] Transsexuels : à gauche
toute !
Les transsexuels sont plus souvent gauchers que le reste de la population. A partir de cette observation, des chercheurs avancent (de manière
hâtive ?) que le transsexualisme aurait pour origine un problème hormonal rencontré pendant la grossesse. Les spécialistes français préfèrent attendre d'autres
preuves.
Les transsexuels sont plus souvent gauchers que le reste de la population. Cette constatation vient
d'être faite par des chercheurs britanniques. Ils ont interrogé plus de 500 transsexuels hommes ou femmes sur l'utilisation de leurs mains dans différentes actions du
quotidien, écrire, couper, lancer, afin de déterminer le nombre de droitiers exclusifs. 38 % des transsexuels hommes et 44 % des femmes transsexuelles sont exclusivement
droitiers, contre 48 % des personnes n'ayant pas de troubles d'identité sexuelle. Cette concordance entre deux traits apparemment éloignés ne doit rien au hasard selon les
Docteurs Richard Green et Robert Young qui ont mené cette étude. Le transsexualisme aussi bien que la préférence pour la main gauche auraient tous deux des origines communes. Pour
cela il faut remonter jusqu'au moment de la vie in utero.
Gaucher dès le ventre de la mère
Dans le ventre de la future maman, des foetus de 15 semaines montrent déjà leur préférence pour une main plutôt que l'autre. Plusieurs théories
essayent d'expliquer ce choix très précoce. Selon l'une d'entre elles, cette prédilection serait due à la quantité d'hormones mâles présente au cours du développement du foetus. Une
forte quantité d'androgène orienterait le futur bébé à être gaucher.
De même, il existe une théorie soutenue par des expériences d'une origine hormonale in utero du transsexualisme. Des hormones sexuelles comme les
androgènes façonneraient un cerveau d'un sexe différent de celui indiqué par les chromosomes.
Le lien entre gaucher et transsexuels devient alors plus clair mais pose une question. Pourquoi tous les gauchers ne sont-ils pas transsexuels ?
Selon les psychiatres anglais, d'autres facteurs prénataux interviendraient pour moduler cette association. Par exemple, le système immunitaire de la mère.
Et les vrais jumeaux ?
Cette étude n'a pas convaincu le Dr Nadine Grafeille, psychiatre et sexologue à Bordeaux. "Sur les 300 transsexuels que j'ai suivis, par deux fois
j'ai rencontré des jumeaux. Or un seul était transsexuel dans le couple gémellaire. Si c'était un problème hormonal in utero, les deux auraient du être concernés. Pourtant, je
préfèrerai que cette étude britannique soit vraie, car cela déculpabiliserait la personne transsexuelle et sa famille en faisant de la transsexualité un trouble hormonal. Mais
depuis 30 ans, des équipes cherchent une origine génétique ou hormonale sans succès".
D'ailleurs, des médecins français avaient déjà essayé de trouver un lien entre gaucher et transsexuels. Dans une étude portant sur plus de
800 patients. L'étude du Pr. Breton n'a pas été publié. "Il y avait autant de gaucher que parmi le reste de la population", se souvient le Dr Bernard Cordier, psychiatre à
Suresnes.
Pour autant, le spécialiste ne réfute pas totalement une origine hormonale au transsexualisme. Au contraire. "Je suis convaincu qu'il existe un terrain biologique, une anomalie
congénitale. L'identité sexuelle s'affirme très tôt dans l'enfance. Les troubles transsexuels aussi", lance le Dr Cordier. "Des études ont été réalisées sur des lapines enceintes.
Des hormones du sexe opposé aux lapereaux attendus leur étaient injectées. Devenus adultes, ils se mettaient en position sexuelle inverse", explique le psychiatre.
Si la théorie britannique s'avérait exacte, elle ouvrirait la voie à des traitements in utero pour prévenir, voire guérir le foetus de son transsexualisme. Une application qui
soulèverait alors bien des questions éthiques.
Marie-Gaëlle Le Perff, Doctissimo
Sources :
Green R, Young R. "Hand preference, sexual preference, and transsexualism" Archives of sexual behavior 2001; 30(6): 565-74
Chiland.C, "Que penser du transsexualisme ? L'évolution psychiatrique", (1996) 61,1:45-53
[cinéma] Le festival de films gays & lesbiens de Paris : un festival de tous les genres ?
Le 13eme festival de films gays & lesbiens de Paris (le terme Trans n'a
toujours pas été ajouté à l'intitulé contrairement à ce qu'on m'avait annoncé il y a ... 2 ans !) se tiendra au cinéma Le Rex (Paris) du 13 au 20
novembre 2007 et présentera "des inédits, des avant-premières, des films primés dans des festivals internationaux, des surprises..."
Hermaphrodisme, intersexualité, intergenre seront toutefois abordés à travers de rares films qu’offre le cinéma dont
« Le mystère Alexina » de René Feret (France, 1985) (lire
plus bas > 1).
-
En ouverture, ce mardi 13 novembre, sera présenté « XXY » (lire plus bas > 2) l'oeuvre de l'argentin Lucía Puenzo, Grand prix de la semaine
internationale de la critique au dernier Festival de Cannes 2007 (sortie en salle le 26 décembre 2007)
> 13eme festival de films gays & lesbiens de
Paris au cinéma Le Rex (Paris) du 13 au 20 novembre 2007 -
Infos : www.ffglp.net
(1) « Le mystère
Alexina » de René Feret (France, 1985) : en 1860, une jeune femme âgée de vingt et un ans découvre qu'elle appartient au sexe opposé. Ce film est
directement adapté des mémoires d'un hermaphrodite français né au XIXe siècle, Adélaïde-Herculine Bazin, dont les textes ont été retrouvés par le philosophe Michel
Foucault.
(2) « XXY » de Lucía
Puenzo avec Ines Efron (Argentine-Espagne-France, 2007 - 91 min.)
Alex, une adolescente de 15 ans porte un lourd secret. Peu après sa naissance, ses parents ont décidé de quitter Buenos Aires pour
aller s’installer sur la côte uruguayenne, dans une maison perdue dans les dunes.
C’est là qu’un couple d’amis venus de Buenos Aires vient les rejoindre accompagné d’ Alvaro leur fils de 16 ans. Le père, un spécialiste en chirurgie esthétique, a accepté l’invitation en raison de l’intérêt médical qu’il porte à Alex. Une attirance inéluctable naît entre les deux ados qui va tous les obliger à affronter leurs peurs… Des rumeurs se répandent dans la ville. On commence à dévisager Alex comme si c’était un monstre. La fascination qu’elle exerce risque désormais de devenir dangereuse.
> lire également mon blog "Le Paris de caphi" (actualisé chaque jour) et sa
rubrique [les films en salles] Ma
sélection du mois.
Une table en formica et deux chaises, l’espace sobre et intime d’un coin de scène transformé en cuisine minimale… Le lieu idéalement simple choisi par le metteur en scène Frank Van Laecke pour faire entendre les confidences d’une femme extraordinaire, celles de la comédienne Vanessa Van Durme. C’est dans un déshabillé de soie rose et pieds nus qu’elle nous accueille depuis le plateau pour nous conter son histoire, celle du premier transsexuel de la ville de Gand. L’épopée d’une Madone réinventée et les multiples embûches d’un chemin de croix aboutissant à la libération d’une âme prisonnière qui savait ne pouvoir exister que dans un corps de femme.
Vanessa Van Durme
Lorsque naît Vanessa Van Durme, en 1948, elle est donc un garçon, qui entre au conservatoire de sa ville natale : Gand. Et fait ses débuts dans la compagnie NTGent. C’est en 1975 que, ayant mûri sa décision, elle devient femme dans une clinique marocaine. Elle erre longtemps. Puis elle écrit des comédies pour la télévision publique flamande, pour la radio belge. Et pour le théâtre, où, en 2000, à la demande d’Alain Platel, fondateur des Ballets C. de la B., elle revient. Dans Tous des Indiens (au Théâtre des Abbesses, en 2000) elle est une mère de famille nombreuse. Regarde maman, je danse est d’abord un livre, qu’elle retravaille pour la scène, qu’elle joue en anglais, français, espagnol dans toute l’Europe et aux États-Unis. Elle prépare un spectacle : Femme blanche (titre provisoire) qui se déroule au Maroc aux débuts de la colonisation. Elle veut continuer à se battre contre toutes les intolérances.
http://www.theatredelaville-paris.com/theatre/regarde-maman-je-danse.html (réservez votre place)
[musique] Sous la perruque, un génie
C’est en découvrant Boy George qu’Antony, du groupe The Johnsons, a su qu’il allait être chanteur. Le disque «I’m a Bird Now» prouve la vitalité de la musique alternative
en 2005
Stéphane Gobbo, L'Express (journal Suisse),
9/01/2006
Lorsqu'il chante, Antony Hegarty parle de lui. «Un jour je grandirai, je serai une belle femme; un jour je grandirai, je serai une
belle jeune fille.» Se sentant une âme d'artiste dès son enfance, il ne peut envisager de se cacher derrière un masque même si sa musique est parfois théâtrale,
réminiscence d'années passées au sein du collectif de cabaret Blacklips.
Sensuel trémolo
Auteur en janvier 2005 d'un album («I'm a Bird Now») qui se retrouve ces jours dans la plupart des rétrospectives annuelles des magazines spécialisés et de la presse
généraliste d'Europe et des Etats-Unis, Antony prouve, à l'heure où l'industrie du disque se dit en crise et où marketing et rentabilité sont les seuls mots que les patrons des
maisons de disques connaissent, que l'on peut encore en 2005 être un chanteur atypique et convaincre un large public. Car il est impossible de ne pas être profondément ému en
découvrant les dix perles de «I'm a Bird Now», soutenues par le sensuel trémolo d'Antony et les magnifiques arrangements piano-cordes de son groupe, The
Johnsons.
Une de ses premières claques musicales, Antony la reçoit alors qu'il a à peine 7 ans. Il découvre Kate Bush, s'enflamme pour cette voix hors normes et se dit qu'elle doit être
sa mère ou sa soeur. Plus tard, il s'enthousiasmera dans le même registre pour Liz Frazer (Cocteau Twins), avant de découvrir que dans sa propre voix il y a également
quelque chose de Nina Simone, un accent soul qu'il laisse aujourd'hui s'exprimer. Mais la révélation ultime, il l'a lorsqu'il découvre Boy George. Sur la pochette du premier
album de Culture Club, l'Anglais joue sur son ambiguïté sexuelle. En découvrant cette androgynie affichée, Antony comprend enfin pourquoi il se sent différent.
«L'Anglais s'assume, même s'il semble un peu perdu et assure que son prochain album sera joyeux»
L'année 2005, du moins pour ceux qui croient encore en la viabilité d'une musique «alternative», aura donc été celle d'Antony, tant le New-Yorkais d'adoption a su faire
l'unanimité. Alors qu'une pop-star comme Robbie Williams est quasiment inconnue aux Etats-Unis, Antony a en effet eu droit à des articles conséquents aussi bien dans le
«Guardian» et le «Daily Telegraph» en Angleterre que dans le «New York Times» ou le «Washington Post» outre-Atlantique.
Lauréat en septembre du prestigieux Mercury Prize, il a joué dans des salles de référence comme le Queen Elizabeth Hall de Londres ou le Carnegie Hall
de New York.
En 2003 déjà, Lou Reed l'avait adoubé en l'emmenant en tournée et en lui demandant d'interpréter seul au piano Candy Says, classique du Velvet Underground
qu'il a joué cet été à Montreux en conclusion d'un concert aussi bref qu'intense. Et sur l'un des plus beaux titres de son second album, en plus d'une apparition de Reed, Antony
s'offre un duo avec Boy George sur le bien nommé You Are my Sister («tu es ma soeur»).
L'Anglais s'assume, est heureux même si sous sa perruque il semble parfois un peu perdu, et assure que son prochain album sera joyeux... Espérons simplement qu'il ne lui
demandera pas à l'instar de «I'm a Bird Now» quatre ans de gestation. / SGO-La Liberté
Antony & the Johnsons, «I’m a Bird Now», Secretly Canadian, distr. Irascible.
[livres] Mademoiselle Rosette, « fille imaginaire »
Article de Clarisse Fabre publié dans Le Monde du 13 Juillet 2007
Extrait : Pierre-Aymond Dumoret, né en 1678, a toujours été persuadé d'être une fille. Il aimait porter des habits de femme et se faisait appeler « mademoiselle Rosette ». Rien ne l'a fait changer d'avis, ni les dures remontrances de son père, avocat au Parlement de Toulouse, ni les moqueries des enfants, ni la perte, à plusieurs reprises, de son emploi de précepteur. Il s'était fabriqué de faux seins en tissu, s'infligeait des baleines en fer pour affiner sa taille et s'était « cruellement enchaîné » le sexe, au point de défaillir peu avant sa mort, en 1725. L'histoire de Mademoiselle Rosette serait peut-être restée inconnue si sa succession n'avait été l'objet d'une grande querelle juridique.
Source : LE MONDE DES LIVRES (article complet disponible seulement par abonnement)
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